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monarchie de saint Louis, attendra une meilleure occasion pour se reconstituer.

Les manœuvres de Kalish ne tarderont pas à commencer. L’empereur d’Autriche a obstinément refusé de s’y rendre, et pour avoir le droit de refuser les officiers français qui voulaient y assister en amateurs, on a décidé d’écarter toutes les demandes des officiers autrichiens et des officiers prussiens qui ne font pas partie du camp. Le bateau à vapeur du Havre à Hambourg, parti le 11 de ce mois, porte cependant quelques jeunes Français de distinction qui se rendent à Kalish par Hambourg, et qui reviendront de là dans cette ville pour assister aux belles courses de chevaux du Mecklenbourg. M. le comte Anatole Demidoff est également parti, mais par terre. Au reste, on ne cite pas un seul de nos hommes politiques qui ait été tenté d’aller figurer dans ce lieu de réunion de toutes les notabilités de l’Europe. Il se peut toutefois qu’on voie à Kalish M. de Talleyrand, attendu que le prince a fait annoncer par tous les journaux qu’il ne s’y rendrait point.

P. S. L’évasion des prévenus d’avril, dont les détails se trouvent dans tous les journaux, loin d’augmenter les embarras du procès, permet au contraire à la cour des pairs de juger véritablement les accusés par contumace.


Il y a deux musiques bien distinctes, la musique de Cimarosa, de Rossini, de Beethoven, et celle des rossignols, des martinets et des fauvettes. À l’une il faut des voûtes sonores, des chœurs nombreux et imposans orchestres ; à l’autre la vigne en fleur et les acacias. Toutes les deux ont leur saison en France : l’une s’entend l’hiver dans la salle éclatante des Italiens, l’autre à présent sous la feuillée épaisse des bois de Meudon et de Fontainebleau. Par une belle soirée d’hiver, après une représentation de Don Juan, on sent le besoin de parler de Mozart ou d’Henriette Sontag, et de faire part au public de ses émotions, afin d’attirer son dévoûment à la cause du génie et du talent. La musique des bois, au contraire, vous berce en d’indicibles rêveries, et la moindre analyse en détruirait les charmes mystérieux. La salle des Italiens est déserte et n’abrite plus que Rossini, l’hôte obstiné de ses hauteurs. Le rossignol chante, et voilà pourquoi nous nous taisons. Cependant nous allons essayer de réunir ensemble les faits peu curieux que nous savons, et de les raconter le plus brièvement qu’il nous sera possible.

Il n’est bruit à Londres que des triomphes récens de Mme Malibran. Cette cantatrice vient de jouer le rôle de Léonore dans Fidelio. Entre la Sonnanbula et Fidelio la différence est grande : il y a loin des phrases traînantes et langoureuses de Bellini à la mâle puissance, à la hardiesse emportée du chant de Beethoven. Mme Malibran a franchi le pas avec bonheur, elle s’est noblement mesurée avec le chef-d’œuvre : il est vrai qu’à