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LA QUENOUILLE DE BARBERINE.

chasse, l’hiver passé. Il est allié, de loin, il est vrai, de la famille de ma femme.

ROSEMBERG.

Vous êtes allié de mon oncle d’Engelbreckt ? permettez que nous fassions connaissance ; y a-t-il long-temps que vous êtes parti ?

ULRIC.

Je ne suis ici que depuis un jour.

ROSEMBERG.

Vous paraissez le dire à regret ; auriez-vous quelque sujet de regarder en arrière avec tristesse ? Sans doute, il est toujours fâcheux de quitter sa famille, surtout quand on est marié. Votre femme est jeune, puisque vous l’êtes, belle, par conséquent. Il y a de quoi s’inquiéter.

ULRIC.

L’inquiétude n’est pas mon souci ; ma femme est belle, mais le soleil d’un jour de juillet n’est pas plus pur dans un ciel sans tache, que son noble cœur dans son sein chéri.

ROSEMBERG.

C’est beaucoup dire. Hors notre seigneur Dieu, qui peut connaître le cœur d’un autre ?

ULRIC.

Un fou sait mieux ce qu’il a que ses voisins, quoiqu’ils soient raisonnables.

ROSEMBERG.

J’avoue qu’à votre place je ne serais pas à mon aise.

(Entre Polacco.)
POLACCO.

Mes jeunes seigneurs, je vous salue. Santé est fille de jeunesse ; hé, hé, les bons visages de Dieu ! que Notre-Dame vous protége !

ROSEMBERG.

Qu’y a-t-il, l’ami ? à qui en avez-vous ?

POLACCO.

Je baise vos mains, seigneurs, et je vous offre mes services, mes petits services pour l’amour de Dieu.

ULRIC.

Êtes-vous donc un mendiant ? je ne m’attendais pas à en rencontrer dans ces allées.

POLACCO.

Un mendiant, Jésus ! un mendiant ! je ne suis point un mendiant ;