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REVUE DES DEUX MONDES.

S’enfuit ainsi,
Hélas ! hélas ! chercheur de renommée,
Votre fumée
S’envole aussi.

ROSEMBERG.

D’un autre côté, si je réussis, l’aventure est faite pour me mettre en relief, et sans compter l’enjeu qui est considérable, me voilà par cette conquête cité de prime abord parmi les plus hardis muguets. Peste ! il ne faut pas que je m’y trompe ; il y va là de bon nombre d’écus. Qui sait ? une femme, comme on dit, n’est pas toujours un diable ; pourquoi celle-ci n’aurait-elle d’yeux que pour son mari ? je suis plus jeune que le comte Ulric, et, ma foi, tant soit peu mieux tourné. Patience ! je veux commencer par faire reluire ici quelques sequins, et éblouir la bonne dame.

BARBERINE.


Beau chevalier, qui partez pour la guerre,
Qu’allez-vous faire
Si loin de nous ?
J’en vais pleurer, moi qui me laissais dire
Que mon sourire
Était si doux.

ROSEMBERG.

Si je faisais comme cet Uladislas, lorsqu’il trompa le géant Molock ? Assurément la comtesse Barberine n’est gardée ni par un géant, ni par un grand nombre d’eunuques. La réussite me sera donc facile. Voyons ! lequel de ces moyens emploierai-je pour la séduire : la ruse, la force, ou l’amour ? La ruse a bonne chance, mais il est bien vrai que je ne sais trop comment ruser ; la force, fi donc ! ce ne serait ni d’un gentilhomme ni d’un loyal parieur. L’amour donc, oui, l’amour me reste ! du courage, et les poches pleines ; mon parti est pris ; avançons.

(Il frappe.)
BARBERINE.

Qui est là ? qui frappe à la porte ?

ROSEMBERG.

Comtesse, je me nomme Astolphe de Rosemberg ; j’arrive de la cour du roi Mathias, et je viens vous donner des nouvelles de votre mari.