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REVUE DES DEUX MONDES.

Ainsi passe le jour et toutes les années.
À l’heure où le soleil tombe vers le couchant,
Le docteur tend la main aux tiges inclinées,
En leur disant : Allez, vous êtes pardonnées.
Et plusieurs, le matin, renaissent dans le champ,
Que pendant quelques jours on avait cru fanées.

Jeune reine des cœurs prêts à s’épanouir,
Des tout petits enfans aux lèvres purpurines,
Et de ces insensés, amoureux du loisir,
Qui dorment à vos pieds, ô chastes aubépines !
Et se prennent d’amour, et se laissent ravir
Par quelque douce image, et vont par les collines,

Loin des tristes regards du peuple indifférent,
Avec les fils mouillés de la lune sereine
Et les tièdes rayons du soleil expirant,
Trempés dans le cristal de la pure fontaine,
Lui faire un vêtement qui l’entoure et qui traîne,
Un vêtement de pourpre et de lin odorant.

Douce fille de l’air ! ô reine du poète,
Et des petits enfans et des blonds amoureux,
Qui dans sa rêverie inspirais Juliette ;
Chérubin aux yeux bleus, à la plume inquiète,
Sœur du bel Arc-en-ciel, ton frère lumineux,
Dont tu portes la robe et les flottans cheveux ;

C’est toi, fille de l’air, charmante Fantaisie,
Vierge de l’Allemagne et des molles vapeurs,
Qui, loin de la grand’route où chemine l’Envie,
Loin des bruits de la ville et des vaines clameurs,
Ô reine ! par la main as conduit dans la vie
Ce vieillard qui triomphe au milieu de ses fleurs.