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TALLEMANT DES RÉAUX.

vers à Madame, qui font suite à la Muse historique de Loret. On y lit ce qui suit, à la date du 3 janvier 1666 :


La Parque, pleine d’injustice,
Nous ravit dimanche Artenice ;
C’est ainsi que l’on appelait
La marquise de Rambouillet,
Dont l’âme belle et délicate,
Sans que nullement on la flatte,
Et pareillement le beau corps
Firent de ravissans accords,
Et dont presque en sa cendre encore
La charmante idée on adore.

Elle eut pour ses adorateurs
Tous nos plus célèbres auteurs,
Les Chapelain et les Malherbes,
Qui de lui plaire étaient superbes ;
Les Balzac et les Vaugelas,
Dont toujours elle fit grand cas,
Les Voiture, les Benserades ;
Et l’on voyait sur les estrades
Encor les deux esprits charmans,
À sçavoir les deux Tallemans[1],
Dont l’un, savant en paragraphe,
A composé son épitaphe.
Qui pourra servir dignement
À mes rimes de supplément.

« Cy gist la divine Artenice,
Qui fut l’illustre protectrice

Des arts que les neuf sœurs inspirent aux humains.

Rome lui donna la naissance ;
Elle vint rétablir en France
La gloire des anciens Romains.
Sa maison, des vertus le temple,

Sert aux particuliers d’un merveilleux exemple,
Et pourrait bien instruire encor les souverains. »

  1. Le sieur Tallemant des Réaux et l’aumônier du roi, docteur en droit civil et canon. (Note de Robinet.)