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calme et le plus actif qui soit au monde. Au moins ce n’est pas par des discours qu’il agitera l’Espagne ; car M. Mendizabal a plus tôt fait soixante lieues de pays qu’il n’a prononcé une parole. Si les finances de l’Espagne pouvaient jamais devenir florissantes, assurément ce serait à M. Mendizabal que serait réservé l’accomplissement de ce travail d’Hercule ; mais il s’agit auparavant de pacifier l’Espagne, et il sera curieux de voir comment M. Mendizabal s’y prendra. Nous l’avons vu souvent autrefois pacifier, presque sans paroles, des réunions d’émigrés espagnols où la discorde présidait toujours ; sera-t-il aussi habile auprès des provinces insurgées ? nous le désirons. Mais M. Mendizabal ne doit compter que sur lui-même. Le mot concession, qu’il a prononcé et inscrit sur son drapeau, lui a aliéné notre gouvernement ; et on lui a écrit que c’était au contraire plus de concessions qu’il fallait dire. M. Mendizabal pourrait répondre, que cette maxime a déjà perdu le ministère Toreno et le ministère Polignac avec ceux qui l’avaient formé ; mais en France on se dit : tant valent les hommes, tant valent les maximes, et c’est justement avec celle-là que l’on compte se sauver.

La France, d’ailleurs, n’est plus un pays révolutionnaire, comme l’Angleterre, le Portugal et l’Espagne. La France entretient aujourd’hui les meilleures relations avec la Prusse et la Russie ; la princesse de Lieven est ici pour le dire. Comme il est bien convenu, dans un certain monde, que la princesse de Lieven est un grand personnage politique, on assure que sa présence à Paris est l’indice d’un mariage et d’une étroite alliance de famille avec le Nord. La Gazette de La Haye dit qu’à cette occasion, le château de Rambouillet sera offert au prince royal, et que M. Thiers sera fait duc ainsi que M. Guizot. On voit que la Gazette de Hollande reprend ses vieilles habitudes du temps de Louis xiv, et qu’elle se remet à faire des épigrammes contre la cour de France.

À propos de Louis xiv, il n’est question que des fêtes qui vont avoir lieu à Fontainebleau. Des ameublemens neufs, une restauration de la galerie, et des surprises de tous genres, feront les frais des fêtes auxquelles tous les ambassadeurs sont invités. L’inauguration du château de Versailles, également restauré, aura aussi lieu bientôt. On parle beaucoup des chambres de Louis xiv et de Louis xv, dont l’ameublement est, dit-on, d’une admirable magnificence. Nous n’avons pas été admis à voir d’avance l’intérieur du château ; mais les quatre mauvaises statues qui défigurent la cour de marbre, et qu’on vient d’y placer, font mal augurer de tous ces embellissemens.

Un véritable acte de munificence du gouvernement, qui dépasse toutes les profusions de Versailles, c’est la nomination de M. Cousin à la direc-