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REVUE DES DEUX MONDES.

Dans chaque petit bourg ton église sainte s’élève ; tes orgues et les chants des chœurs retentissent pour chaque oreille.

Puis le soleil, la lune et les étoiles m’éclairent avec tant d’amour ! Et quand tinte la cloche du soir, alors, Seigneur, je cause avec toi.

Un jour pour tous les bons s’ouvrira ta vaste salle de béatitude ; alors je viendrai en habit de fête m’asseoir au festin.

CHANT DES JEUNES GENS.

Le temps de la jeunesse est sacré ; entrons dans le sanctuaire où, dans une solitude mélancolique, les pas résonnent sourdement ; que le noble esprit de l’austérité descende dans les ames des jeunes hommes ; que chacune se recueille et médite en silence sur sa force sacrée.

Maintenant allons dans la plaine qui s’épanouit au soleil qui monte avec magnificence au-dessus du printemps de la terre. Un monde de fécondité sortira de ce germe ; le temps du printemps est sacré, il parle aux cœurs des jeunes hommes.

Prenez les coupes ; ne voyez-vous pas étinceler, couleur de pourpre, le sang de la nature luxurieuse ? Buvons, amis, et de tout cœur ; qu’une force ardente se réjouisse dans une autre force ; le suc des vignes est sacré, il est le compagnon des élans de la jeunesse.

Voyez venir la douce jeune fille ; elle grandit dans les jeux. Un monde fleurit en elle de tendres émotions divines. Elle prospère aux rayons du soleil ; il faut à notre force le torrent et la pluie ; que la jeune vierge nous soit sacrée, car nous mûrissons l’un pour l’autre.

Ainsi donc entrez dans le temple, aspirez en vous la noble austérité ; fortifiez-vous dans le printemps et dans le vin ; exposez-vous aux rayons des beaux yeux. Jeunesse, printemps, coupe de fête, vierge dans sa douce fleur, que tout cela soit à la fois sacré pour nos cœurs austères. »


Cette chanson est franche et vraiment belle ; il y a dans cet air de liberté qu’on y respire, dans cette divinisation des voluptés sensuelles qui s’y manifeste à chaque vers, un caractère sacerdotal