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SCIENCES NATURELLES.

tome ii, page 384. « Une fois, dit-il, après un violent orage qui avait éclaté sur le village du Rosaire (Paraguay), les places et les rues furent couvertes d’une multitude innombrable de sangsues ; comme c’était un phénomène dont nous n’avions jamais ouï parler, ce fut pour nous un sujet d’étonnement et de divertissement ; nos Abipones, au contraire, n’y trouvaient pas matière à rire, car comme ils marchent toujours sans chaussure, ces sangsues s’attachaient à leur jambes et les piquaient cruellement. Au reste, leur tourment ne fut pas de longue durée, car, en moins d’une heure, toutes les sangsues avaient disparu, s’étant retirées, suivant toute apparence, dans les marais du voisinage. »

Parmi les diverses espèces dont se compose le genre sangsue, il en est qui vont assez fréquemment à terre poursuivre les lombrics, et on pourrait supposer que celles qui se montrèrent tout à coup dans les places et les rues du Rosaire étaient sorties spontanément des marais voisins. Cependant on ne voit pas ce qui eût pu déterminer cette émigration en masse qui était un sujet d’étonnement pour les missionnaires établis depuis quatre ans dans le pays, et paraît même l’avoir été pour les Indigènes. Il y a donc lieu de penser qu’elles avaient été transportées par une trombe qui éclata sur le village.

À Ceylan et dans les îles voisines, on trouve une petite sangsue qui, dans la saison des pluies, vit au milieu des herbes, et devient très incommode aux voyageurs qui cheminent les jambes nues. Mais rien de semblable ne se voit au Paraguay.


Roulin.