Page:Revue des Deux Mondes - 1835 - tome 4.djvu/239

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
235
ÉTUDES DE L’ANTIQUITÉ.

Thèbes, Argos. De cette façon l’étude de notre poète est indispensable à la connaissance de la Grèce. On ne sait pas les origines de Rhodes sans la septième olympique ; on ignorerait les commencemens de Corinthe sans la treizième. L’éloge des Athéniens n’est pas dispensé d’une manière avare ; le poète l’entonne souvent ; il ne craint pas de s’écrier dans la septième pythique : « Le nom de la grande Athènes est le plus beau frontispice qui puisse servir à mes chants destinés à célébrer les Alcméon, leur race et leurs triomphes. Car, dans la Grèce, quelle patrie et quelle race plus illustre qu’Athènes et les Alcméon ? » Nous ne serons pas surpris si l’éloge de Thèbes est aussi prodigué par le génie de Pindare. Il est beau pour celui qui écrit et qui chante de louer sa patrie ; après un tel usage de la plume et de la lyre, on est plus content et plus glorieux de soi-même. Pindare commence la première isthmique par ces mots : « Oh ! ma mère ! oh ! Thèbes guerrière ! ton nom et ta gloire seront toujours ma première pensée. » La septième isthmique s’ouvre encore par le panégyrique de Thèbes. Le poète loue sa patrie d’avoir donné le jour à Bacchus, d’avoir reçu Jupiter venant déposer dans les flancs de la femme d’Amphytrion le germe d’Hercule, d’avoir produit le devin Tiresias, et d’avoir fondé dans Lacédémone une colonie dorienne. Ainsi, la Grèce a trouvé dans des chants qui la divertissent des fastes impérissables.

La religion dut aussi à notre lyrique l’immortalité de ses traditions et de ses légendes. Sous ce rapport les odes de Pindare sont véritablement un livre sacré, une mythologie enthousiaste et fervente, où les croyances antiques semblent avoir encore toute l’ardeur de la vie. Les prophéties et les amours d’Apollon, les travaux d’Hercule, Glaucus domptant Pégase, Ixion embrassant une nuée pour Junon, la naissance et l’éducation d’Esculape, Jason et les Argonautes, les exploits de Persée, Oreste, Clytemnestre, l’éloge et l’histoire de Pélée, d’Achille et des Œacides, les fureurs d’Ajax, Bellérophon puni pour avoir voulu escalader le palais des dieux, comparaissent tour à tour dans les chants du poète thébain. Rien de plus noble et de plus doux que le récit, contenu dans la dixième néméenne, de l’amitié et de la destinée de Castor et de Pollux. Le poète raconte comment Jupiter remit à Pollux le sort de son frère