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REVUE DES DEUX MONDES.

FORTUNIO.

Oui, madame ; tout est dans l’étude.

JACQUELINE.

Allez m’attendre dans ma chambre, je vous y rejoins dans un instant.

(Ils sortent.)

Scène IV.

La chambre de Jacqueline.
(Entre Fortunio.)
FORTUNIO.

Est-il un homme plus heureux que moi ? J’en suis certain, Jacqueline m’aime, et à tous les signes qu’elle m’en donne, il n’y a pas à s’y tromper. Déjà me voilà bien reçu, fêté, choyé dans la maison. Elle m’a fait mettre à table à côté d’elle ; si elle sort, je l’accompagnerai. Quelle douceur, quelle voix, quel sourire ! Quand son regard se fixe sur moi, je ne sais ce qui me passe par le corps ; j’ai une joie qui me prend à la gorge ; je lui sauterais au cou si je ne me retenais. Non, plus j’y pense, plus je réfléchis, les moindres signes, les plus légères faveurs, tout est certain ; elle m’aime, elle m’aime, et je serais un sot fieffé si je feignais de ne pas le voir. Lorsque j’ai chanté tout-à-l’heure, comme j’ai vu briller ses yeux ! Allons, ne perdons pas de temps. Déposons ici cette boîte qui renferme quelques bijoux ; c’est une commission secrète, et Jacqueline, sûrement, ne tardera pas à venir.

(Entre Jacqueline.)
JACQUELINE.

Êtes-vous là, Fortunio ?

FORTUNIO.

Oui. Voilà votre écrin, madame, et ce que vous avez demandé.

JACQUELINE.

Vous êtes homme de parole, et je suis contente de vous.

FORTUNIO.

Comment vous dire ce que j’éprouve ? Un regard de vos yeux a changé mon sort, et je ne vis que pour vous servir.

JACQUELINE.

Vous nous avez chanté, à table, une jolie chanson, tout à l’heure. Pour qui est-ce donc qu’elle est faite ? Me la voulez-vous donner par écrit ?