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REVUE DES DEUX MONDES.

CLAVAROCHE.

Vraiment, c’est là toute l’affaire, et il n’y a pas plus de mal que cela ?

JACQUELINE.

Êtes-vous fou ? Comment est-il possible que vous en plaisantiez ?

CLAVAROCHE.

C’est qu’il n’y a rien de si simple que de nous tirer d’embarras. Maître André, dites-vous, est furieux ? eh bien ! qu’il crie ; quel inconvénient ? Il veut se mettre en embuscade ? qu’il s’y mette, il n’y a rien de mieux. Les clercs sont-ils de la partie ? qu’ils en soient avec toute la ville, si cela les peut divertir. Ils veulent surprendre la belle Jacqueline et son très humble serviteur ? hé ! qu’ils surprennent ; je ne m’y oppose pas. Que voyez-vous là qui nous gêne ?

JACQUELINE.

Je ne comprends rien à ce que vous dites.

CLAVAROCHE.

Faites-moi venir Fortunio. Où est-il fourré, ce monsieur ? Comment, nous sommes en péril, et le drôle nous abandonne ! Allons ! vite, avertissez-le.

JACQUELINE.

J’y ai pensé ; on ne sait où il est, et il n’a pas paru ce matin.

CLAVAROCHE.

Bon ! cela est impossible ; il est par là quelque part dans vos jupes ; vous l’avez oublié dans une armoire, et votre servante l’aura par mégarde accroché au porte-manteau.

JACQUELINE.

Mais encore, en quelle façon peut-il nous être utile ? J’ai demandé où il était, sans trop savoir pourquoi moi-même ; je ne vois pas, en y réfléchissant, à quoi il peut nous être bon.

CLAVAROCHE.

Hé ! ne voyez-vous pas que je m’apprête à lui faire le plus grand sacrifice ? Il ne s’agit pas d’autre chose que de lui céder pour ce soir tous les priviléges de l’amour.

JACQUELINE.

Pour ce soir ? et dans quel dessein ?

CLAVAROCHE.

Dans le dessein positif et formel que ce digne maître André ne passe pas inutilement une nuit à la belle étoile. Ne voudriez-vous pas que