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LE CHANDELIER.

croire que votre orgueil est la seule personne offensée. Si cela est, que ces deux jours s’oublient ; plus tard, nous en reparlerons.

FORTUNIO.

Jamais ; c’est le souhait de mon cœur.

JACQUELINE.

Comme vous voudrez ; je dois obéir. Si cependant je ne dois plus vous voir, j’aurais un mot à ajouter. De vous à moi, je suis sans crainte, puisque vous me promettez le silence. Mais il existe une autre personne dont la présence dans cette maison peut avoir des suites fâcheuses.

FORTUNIO.

Je n’ai rien à dire à ce sujet.

JACQUELINE.

Je vous demande de m’écouter. Un éclat entre vous et lui, vous le sentez, est fait pour me perdre. Je ferai tout pour le prévenir. Quoi que vous puissiez exiger, je m’y soumettrai sans murmure. Ne me quittez pas sans y réfléchir ; dictez vous-même les conditions. Faut-il que la personne dont je parle s’éloigne d’ici pendant quelque temps ? Faut-il qu’elle s’excuse près de vous ? Ce que vous jugerez convenable, sera reçu par moi comme une grace, et par elle comme un devoir. Le souvenir de quelques plaisanteries m’oblige à vous interroger sur ce point. Que décidez-vous ? répondez.

FORTUNIO.

Je n’exige rien. Vous l’aimez ; soyez en paix, tant qu’il vous aimera.

JACQUELINE.

Je vous remercie de ces deux promesses. Si vous veniez à vous en repentir, je vous répète que toute condition sera reçue, imposée par vous. Comptez sur ma reconnaissance. Puis-je dès à présent réparer autrement mes torts ? Est-il en ma disposition quelque moyen de vous obliger ? Quand vous ne devriez pas me croire, je vous avoue que je ferais tout au monde pour vous laisser de moi un souvenir moins désavantageux. Que puis-je faire ? je suis à vos ordres.

FORTUNIO.

Rien. Adieu, madame. Soyez sans crainte ; vous n’aurez jamais à vous plaindre de moi.

(Il va pour sortir, et prend sa romance.)
JACQUELINE.

Ah ! Fortunio, laissez-moi cela.