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REVUE DES DEUX MONDES.

JACQUELINE.

Comme il est pâle, et comme son cœur bat ! voulez-vous vous mouiller les tempes ? Prenez ce coussin, prenez ce mouchoir ; vous suis-je tellement odieuse que vous me refusiez cela ?

FORTUNIO.

Je me sens mieux, je vous remercie.

JACQUELINE.

Comme ces mains-là sont glacées ! où allez-vous ? vous ne pouvez sortir. Attendez du moins un instant. Puisque je vous fais tant souffrir, laissez-moi du moins vous soigner.

FORTUNIO.

C’est inutile, il faut que je descende. Pardonnez-moi ce que j’ai pu vous dire ; je n’étais pas maître de mes paroles.

JACQUELINE.

Que voulez-vous que je vous pardonne ? Hélas ! c’est vous qui ne pardonnez pas. Mais qui vous presse ? pourquoi me quitter ? vos regards cherchent quelque chose. Ne me reconnaissez-vous pas ? Restez en repos, je vous conjure. Pour l’amour de moi, Fortunio, vous ne pouvez sortir encore.

FORTUNIO.

Non ! adieu ; je ne puis rester.

JACQUELINE.

Ah ! je vous ai fait bien du mal !

FORTUNIO.

On me demandait quand je suis monté ; adieu, madame, comptez sur moi.

JACQUELINE.

Vous reverrai-je ?

FORTUNIO.

Si vous voulez.

JACQUELINE.

Monterez-vous ce soir au salon ?

FORTUNIO.

Si cela vous plaît.

JACQUELINE.

Vous partez donc ? encore un instant !

FORTUNIO.

Adieu ! adieu ! je ne puis rester.

(Il sort.)