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REVUE DES DEUX MONDES.

à la fin des autres actes. Cette réserve faite, conformons-nous à cette nouvelle division.


ACTE QUATRIÈME.


Isabelle entre avec sa suivante. La pauvre mère est folle, folle comme Ophélie, folle comme le roi Lear. Shakspeare n’a pas mis le premier la folie sur le théâtre anglais, mais il l’a mieux peinte que qui que ce soit. La vérité, voilà la nouveauté ! voilà le génie ! Et pourtant la folie, dans cet ouvrage, n’est pas mal reproduite, et on l’y voit aussi parée de ces fleurs de poésie que l’on respire trop rarement sur la scène française.


My soul, poor soul ? thou talk’st of things
Thou know’st not what : my soul hath silver wings
That mount me up unto the highest heavens :
To heaven, ay, there sits my Horatio
Back’d with a troop of fiery cherubims,
Dancing about his newly healed wounds,
Singing sweet hymns and chanting heavenly notes :
..................

Mon ame, pauvre fille ! tu parles de choses que tu ne connais pas. Mon ame a des ailes d’argent, qui me portent au plus haut des cieux. Au ciel, oui ; là siége mon Horatio, environné d’une troupe de chérubins flamboyans, qui dansent autour de ses blessures cicatrisées, et chantent de doux hymnes en s’accompagnant de célestes accords.


Don Lorenzo, se croyant délivré de tout sujet de crainte par la mort de Pedringano, rend la liberté à sa sœur. Mais celle-ci ne veut écouter ni les excuses dont il cherche à colorer sa conduite, ni les soupirs du prince Balthazar, et elle sort fièrement, leur laissant pour adieux ces deux vers latins, dont le premier ressemble à un paragraphe du Dictionnaire des Synonymes :


Et tremulo metui pavidum junxêre tiniorem,
Et vanum stolidæ proditionis opus.


Don Hieronimo entre avec une corde et un poignard : il veut se tuer. — Mais qui vengera Horatio ? Cette pensée le retient. Le roi paraît avec l’ambassadeur de Portugal, qui annonce que le vice-