Page:Revue des Deux Mondes - 1835 - tome 4.djvu/761

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
755
ILLUSTRATIONS SCIENTIFIQUES.

Pharaons est venue fortifier par des preuves irrésistibles, lorsqu’ils signalaient la langue copte actuelle comme celle des anciens sujets de Sésostris.

On connaît maintenant les faits. Je pourrai donc me borner à fortifier de quelques courtes observations la conséquence qui me paraît en résulter inévitablement.

Les discussions de priorité, même sous l’empire des préjugés nationaux, ne deviendraient jamais acerbes, si elles pouvaient se résoudre par des règles fixes ; mais dans certains cas, la première idée est tout ; dans d’autres, les détails offraient les principales difficultés ; ailleurs, le mérite semble avoir dû consister moins dans la conception d’une théorie que dans sa démonstration. On devine déjà combien le choix du point de vue doit prêter à l’arbitraire, et combien, cependant, il aura d’influence sur la conclusion définitive. Pour échapper à cet embarras, j’ai cherché un exemple dans lequel les rôles des deux prétendans à l’invention pussent être assimilés à ceux de Champollion et de Young, et qui eût, d’autre part, concilié toutes les opinions. Cet exemple, j’ai cru le trouver dans les interférences, même en laissant entièrement de côté, pour la question hiéroglyphique, les citations empruntées au mémoire de M. de Guignes.

Hooke, en effet, avait dit, avant Thomas Young, que les rayons lumineux interfèrent, comme ce dernier avait supposé, avant Champollion, que les hiéroglyphes égyptiens sont quelquefois phonétiques. Hooke ne prouvait pas directement son hypothèse ; la preuve des valeurs phonétiques assignées par Young à divers hiéroglyphes, n’aurait pu reposer que sur des lectures qui n’ont pas été faites, qui n’ont pas pu l’être.

Faute de connaître la composition de la lumière blanche, Hooke n’avait pas une idée exacte de la nature des interférences, comme Young, de son côté, se trompait sur une prétendue valeur syllabique ou dissyllabique des hiéroglyphes.

Young, d’un consentement unanime, est considéré comme l’auteur de la théorie des interférences ; dès-lors, par une conséquence qui me paraît inévitable, Champollion doit être regardé comme l’auteur de la découverte des hiéroglyphes.

Je regrette de n’avoir pas songé plus tôt à ce rapprochement. Si, de son vivant, Young eût été placé dans l’alternative d’être le créateur de la doctrine des interférences, en laissant les hiéroglyphes à Champollion, ou de garder les hiéroglyphes, en abandonnant à Hooke l’ingénieuse théorie optique, je ne doute pas qu’il ne se fût empressé de re-