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de Talleyrand, présage au vieux diplomate les rigueurs qui l’attendraient à son tour, s’il avait la faiblesse de quitter ce monde avant M. de Quélen, ou s’il commettait l’imprudence de mourir dans son diocèse.

Le clergé de Paris a été mieux représenté, cette semaine, par les séminaristes de Saint-Sulpice que par M. l’archevêque. Dans le malheureux incendie de la rue du Pot-de-Fer, où le commerce de la librairie a essuyé tant de pertes, on a vu les jeunes théologiens courir avec courage de grands périls, et se jeter dans les flammes pour sauver, non pas seulement les belles éditions de saint Chrysostôme et de saint Augustin, mais encore Voltaire, Rousseau, d’Holbach, et jusqu’aux discours de Robespierre, de Saint-Just et de Couthon ! Cet incendie cause de grands désastres. Il frappe des négocians laborieux, des gens de lettres et une foule d’ouvriers de tout genre, à qui la librairie fournissait du travail dans cette rigoureuse saison. Parmi les ouvrages consumés dans l’incendie de la rue du Pot-de-Fer, nous devons surtout citer le poème de M. Edgar Quinet, intitulé Napoléon, que, malgré ce désastre, nous verrons bientôt paraître. Les ouvrages sur l’Amérique de M. de Tocqueville et de M. Gustave de Beaumont ont également péri. Les auteurs ont renoncé généreusement à leurs droits, et autorisé le libraire à publier une seconde édition. Ailleurs on ouvre des souscriptions en faveur des victimes de l’incendie, et il faut espérer qu’on ne restera pas en arrière du bel exemple donné par M. de Tocqueville et M. de Beaumont.

Ce n’est ni l’incendie de la rue du Pot-de-Fer, ni l’affaire d’Amérique, ni la prochaine session de la chambre, qui occupe l’attention de M. le ministre de l’intérieur. Toute sa pensée se porte sur la nomination de M. Dosne, son beau-père, à la place de régent de la banque, qui se trouve vacante par la mort de M. Saulty. M. Dosne tenait déjà de la sollicitude et de la piété filiale de M. le ministre de l’intérieur, la recette générale du département du Nord, qui représente un revenu de plus de 200, 000 francs. La place de régent de la banque ajouterait encore à l’éclat de sa position. M. Dosne sera donc régent de la banque. Son concurrent est M. Lemercier de Névil, ancien agent de change, ainsi que M. Dosne, et receveur-général du département de la Somme. Mais M. Lemercier n’a pas un ministre pour gendre, et il succombera. Un grand dîner a été donné cette semaine au ministère de l’intérieur, afin de préparer l’élection de M. Dosne ; les principaux actionnaires de la banque y assistaient. M. Odier, l’un des régens de la banque, se distingue de ses collègues, les honorables MM. Vernes