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monument ; il a dessein d’expliquer pourquoi les Grecs et les Barbares se combattirent.

Il n’y a point de hasard dans la naissance et la venue des hommes nécessaires au genre humain. Or, rien n’était plus indispensable au monde que de commencer à se connaître au moment où il redoublait la vivacité de son action, et il fut naturel que l’Asie mineure fournît non-seulement le théâtre, mais encore le témoin intelligent de la lutte qui s’engageait.

Hérodote eut la passion de savoir et de raconter. On s’accorde à placer sa naissance à Halycarnasse en Carie, l’an 484 avant notre ère. Il eut pour oncle Panyasis, poète célèbre, qui fut victime des violences de Lygdamis, tyran de la Carie. Quelles que soient les circonstances qui aient déterminé Hérodote à quitter pour la première fois Halycarnasse, la première cause de ses voyages fut son génie, sa volonté. Un invincible instinct le poussait à parcourir la terre, et il s’en fera le conquérant par la pensée, entre Cyrus et Alexandre.

Il serait puéril de vouloir tracer avec exactitude l’itinéraire d’Hérodote ; il suffit d’énumérer les principaux pays qu’il explora. Il vit l’Égypte ; il causa avec les prêtres de Vulcain à Memphis, il visita Héliopolis et Thèbes. Il alla chercher à Tyr le temple d’un autre Hercule, plus ancien que l’Hercule grec ; il visita la Palestine, la ville de Cyrène. A-t-il été à Babylone ? On aimerait à le croire, pour rendre plus complètes les excursions du célèbre Ionien[1].

Quant à la Grèce, il la vit à fond ; il parcourut l’Épire, la Macédoine, la Thrace, et de la Thrace, il est probable qu’il passa chez les Scythes, au-delà de l’Ister et du Borysthène.

On dit que de retour dans sa patrie, il y trouva le pouvoir suprême usurpé par Lygdamis, et qu’alors il chercha dans Samos un asile et une retraite. On dit encore que le désir de rendre la liberté à Halycarnasse l’y ramena, que son entreprise fut heureuse, mais qu’un régime olygarchique ayant remplacé la tyrannie, Hérodote devint odieux et impuissant entre les nobles et le peuple. Alors il abandonna sa patrie pour n’y plus revenir ; et paraissant aux jeux olympiques, il y lut plusieurs fragmens de son histoire.

  1. Voyez le président Bouhier. Recherches et dissertation sur Hérodote.