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REVUE. — CHRONIQUE.
Commerce, M. Passy.
Marine, M. Duperré.
Président de la chambre des députés, M. Guizot.
Ambassadeur à Londres, M. de Broglie.
Ambassadeur à Naples et maréchal de France, M. Sébastiani.
M. Persil devait être nommé pair de France et procureur-général près la cour des pairs.


Ces listes offrent toute l’histoire de la crise ministérielle, et une histoire instructive, en vérité. La première de ces listes présente le nom de M. Humann, et il était naturel, en effet, que la prise en considération de la proposition de M. Gouin, qui n’est que le développement de la pensée de M. Humann, amenât ce dernier au ministère. Mais M. Humann, qui a eu le courage d’abandonner ses collègues, et qui a causé la chute de l’édifice ministériel, déjà lézardé de tous côtés, il est vrai, n’a pas eu l’énergie d’accepter toutes les conséquences de sa conduite. M. Humann a voté pour l’ajournement, et il a refusé de faire partie d’un ministère de réduction. Où sont donc les convictions qui entraînaient si fort M. Humann, qu’il s’est cru obligé d’abandonner à la tribune la majorité du conseil dont il faisait partie ? Cependant, après avoir épuisé contre M. Humann, tour à tour dans la chambre et dans le ministère, tous les termes du mécontentement, voilà qu’on revient à M. Humann, lequel acceptera peut-être le ministère avec M. Thiers, qui, le 8, disait au roi, en réponse à une offre semblable : « Sire, si vous me proposiez de faire une chose périlleuse, je l’accomplirais à l’instant ; mais vous m’offrez de faire une chose qui me déshonorerait, et je me vois dans la douloureuse nécessité de refuser votre majesté. » Aujourd’hui on parle de la rentrée au ministère de M. Thiers, qui trouve sans doute fort honorable de faire maintenant ce qu’il trouvait déshonorant le 8. Il est vrai que nous sommes arrivés au 15. Huit jours de fidélité à ses opinions et à ses amis, n’est-ce pas un bien long veuvage pour M. Thiers ?

M. Thiers parlait ainsi le 8. Il est vrai que la chambre ne songeait pas à lui, et que la bienveillance du roi n’était pas appuyée d’un autre suffrage. Le 9, M. Dupin, M. Passy et M. Sauzet furent mandés, comme on sait, au château, où la conversation s’engagea sur un ton d’aménité et de bonne humeur, qui éloignait les démonstrations sérieuses. M. Sauzet seul aborda la question. Interrogé sur le système politique qui serait à suivre, il répondit que pour lui, qui avait été rapporteur des lois de septembre, il ne pouvait que vouloir leur exécution et le système qui s’y rattache. Ceci fut approuvé ; mais il n’y eut pas de proposition