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CHANTS DANOIS.

— Eh bien ! à quoi sert de te le cacher plus long-temps ? Notre jeune roi m’a séduite.

— Si notre jeune roi t’a séduite, que t’a-t-il donné ?

— Il m’a donné une jolie petite chemise en soie, que j’ai portée avec douleur.

Il m’a donné des souliers à boucles d’argent, que j’ai portés avec angoisse.

Il m’a donné une harpe d’or, pour m’en servir quand je serais trop triste.

La petite Christel touche la première corde, le roi l’écoute résonner dans son lit.

Elle touche une seconde corde, le roi ne repose pas plus longtemps.

Il appelle deux de ses serviteurs : — Faites venir, dit-il, la petite Christel devant moi.

Elle arrive et se tient debout devant la table. — Ô roi, dit-elle, vous m’avez envoyé chercher, que voulez-vous ?

Le jeune roi montre les coussins bleus. — Viens t’asseoir, ma petite Christel, et repose-toi.

— Je ne suis pas lasse, je peux rester debout. Dites-moi ce que vous voulez, et laissez-moi partir.

Le jeune roi attire la petite Christel à lui, il lui donne la couronne d’or et le nom de reine. »


D’autres ballades, comme celle d’Axel et Waldborg, ont tout le caractère galant des poèmes de chevalerie du moyen-âge. Axel le preux guerrier, et Waldborg la jolie jeune fille, s’aiment dès leur enfance. Ils se rendent ensemble à la chapelle, ils vont se fiancer ; mais Hagen, le fils du roi, est amoureux de Waldborg ; il empêche le mariage, car il veut lui-même épouser la jeune fille. C’est un horrible moment pour les deux pauvres fiancés qui ne cessent pas de s’aimer, et qui n’entrevoient aucun remède à leur douleur. Tout à coup la guerre éclate. Hagen se met à la tête de ses troupes, et le valeureux Axel, oubliant son ressentiment, marche sous sa bannière. Sur le champ de bataille, Hagen reçoit une blessure mortelle ; il appelle son rival, lui tend une main de frère, et lui dit : Venge ma mort, tu épouseras Waldborg, et je te donne mon royaume. Axel s’élance au milieu des ennemis, combat comme un lion, et meurt couvert de blessures. À cette nouvelle, la malheureuse Waldborg distribue son bien aux pauvres et se retire dans un couvent[1].

  1. Oehlenschlager a fait sur cette tradition d’Axel et Waldborg une tragédie fort estimée.