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REVUE LITTÉRAIRE DE L’ALLEMAGNE.

lesquels il a déjà anticipé par fragmens détachés. Nous remontons ici aux xie et xiie siècles. L’auteur n’est pas un historien original, mais les études auxquelles il s’est voué nous inspirent un tel respect, et nous paraissent tellement utiles à la société, que nous regardons comme un devoir de les signaler. M. Wachsmuth n’est pas original en ce sens qu’il n’a pas de système à lui, qu’il ne paraît pas chercher des sources encore inconnues et qu’il donne peu ou point de place à la critique des autorités scientifiques antérieures. Mais il a lu autant que doit le faire tout bon professeur allemand ; et prenant des traits et des détails à tout le monde, aux étrangers comme aux nationaux, il compose un tableau ou plutôt un plan un peu sec et sans effet, où l’on reconnaît d’autre part la probité de l’exactitude. L’époque animée par l’enthousiasme religieux qui inspira les plus sévères règles monastiques et les croisades ; l’époque qui rassemble les plus grandes figures du moyen-âge, les empereurs Henri iv, Frédéric Barberousse et Frédéric ii, Philippe-Auguste et saint-Louis, Henri ii et Richard Cœur-de-Lion, Grégoire vii, Innocent iii, saint Bernard, Abailard et Arnaud de Brescia, offrait une abondante moisson poétique et pittoresque. L’auteur s’est contenté d’en faire la dissection. C’est une série de faits isolés, mais ce n’est pas une histoire. Il est sans doute bien de présenter à part l’état de chaque institution pendant une époque, mais il faudrait placer d’une main vigoureuse, un milieu, un axe solide auquel se rattacheraient tous ces rayons. M. Wachsmuth a jugé cette méthode si peu nécessaire, qu’il n’a pas mis dans son livre de résumé général qui relevât l’intérêt des détails. Ce sont tous les rameaux qui feraient un arbre si le tronc n’y manquait pas. Le style est d’une impassibilité désespérante, et ce qui est pis encore, saturé d’obscurité et de pédantisme. On croit lire quelquefois le cahier d’un étudiant en philosophie. Il n’est pas rare d’y voir des phrases comme celle-ci : « L’église appelait l’infini et l’inintelligible dans le domaine du terrestre. » Plus loin l’auteur, parlant des représentations scéniques, les désigne ainsi : « L’objectivité complètement personnifiée, » (die vollstændig gegliederte objectivitæt). C’est une belle invention sans doute que la subjectivité et l’objectivité ; encore ne les faudrait-il pas mettre partout, comme le font les Allemands ; j’affirme avoir vu récemment l’objectivité dans une lettre qu’un voyageur allemand écrivait à sa maîtresse.

Errinerungen, etc. (Memorandum aux députés représentant les royaumes de Croatie et d’Esclavonie à la diète de Hongrie), 1 volume, Carlstadt.

La lumière vient de toutes parts dans ce siècle, des lieux d’où on ne l’attendait guère, et sous le bon plaisir de gens qui sont ses ennemis. Dans