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mont d’Urville, ont donné lieu à de grands ouvrages qui se complètent lentement, parce qu’on tient à donner une représentation fidèle des objets découverts. Deux régions ont attiré presque exclusivement l’attention des nouveaux voyageurs, l’Amérique du Sud et les Indes-Orientales. La première a été parcourue pendant huit ans par M. Alcide d’Orbigny, qui a rapporté les matériaux d’une grande publication. Plusieurs explorateurs se sont partagés l’Asie ; nous citerons l’Anglais A. Burnes, et Victor Jacquemont, qui a éveillé tant de sympathies par sa spirituelle correspondance.

15 ouvrages se rapportent à l’histoire des religions. Les plus volumineux sont des réimpressions et représentent des doctrines fort opposées. Par exemple, les Annales ecclésiastiques de Béraut-Bercastel, à l’usage du clergé, se trouvent en contraste avec l’Origine des cultes de Dupuis. Les histoires nouvelles (j’en compte 4) appartiennent au protestantisme ou à la philosophie qui découle du principe protestant. On sent que chaque auteur s’est dit, comme M. Matter (Histoire de l’église chrétienne, tom. iv, pag. 481) : « La véritable compétence de notre siècle est de constater ce qui est bien, de juger ce qui est mal. » Mais ce qu’on ne dit jamais et ce que demande tout lecteur sensé, est ceci : De qui notre siècle a-t-il reçu cette juridiction souveraine, et surtout, en vertu de quel principe prononcera-t-il la sentence ? Nous ne croyons pas qu’aucune autre époque ait présenté une plus grande divergence d’opinions et de doctrines.

Les matériaux ne sont pas encore rassemblés pour une histoire des religions. Ce soin repose principalement sur un petit nombre d’orientalistes épars en Europe. La France a fourni, pour son contingent annuel, le Commentaire sur l’un des livres religieux des anciens Parses, traduit du zend par M. Eugène Burnouf ; la partie théologique des Védas, traduite du sanscrit par M. Poley ; et la version, par M. Stanislas Julien, du Livre des récompenses et des peines, qui fait connaître l’une des sectes dissidentes de la Chine.

L’archéologie compte 27 publications. Quatre recueils de Mémoires sont dus aux académies d’antiquaires qui s’organisent dans plusieurs de nos provinces. La civilisation égyptienne est toujours le but d’une légitime curiosité. M. Frédéric Caillaud a eu l’heureuse idée de copier, d’après des monumens authentiques, toutes les scènes ou figures qui ont rapport aux arts, métiers et usages des anciens peuples de l’Égypte, de la Nubie et de l’Éthiopie ; un volume de texte qu’il promet, servira d’explication aux gravures. Les dessins exécutés dans les mêmes contrées, sous la direction de Champollion le jeune, et dont le sens est révélé par ce savant lui-même, sont en même temps publiés aux frais de l’état. Un ouvrage plus curieux encore, puisqu’il révèle aux savans des faits absolument nouveaux, est intitulé : Antiquités Mexicaines. Croirait-on qu’il