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peu près de la même manière l’antiquité et la légitimité de la piraterie ou des sacrifices humains ?

Sachons bien que toutes les passagères défaites de notre démocratie viennent de ses infractions au droit commun, qui s’agrandit et se propage sans cesse par une religieuse humanité, de même qu’il n’est jamais impunément contredit par nos prétendues nécessités et nos inconséquences.

Que nous différions les uns des autres dans des jugemens politiques, cela est inévitable ; mais il est de hautes et saintes réformes que bien des nobles cœurs faits pour s’entendre peuvent réclamer comme le témoignage de leurs communes croyances. Aussi long-temps que des hommes posséderont d’autres hommes et qu’on en parlera d’un ton léger et cruel, philosophes ou chrétiens, ne laissons pas refroidir cette indignation de la charité qui se concilie si bien avec la justice et la prudence.

Après avoir enduré de tels abaissemens de la nature humaine, quel sentiment nous resterait de nos semblables et de nous-mêmes ? Il n’y a pas de religion ni de civilisation possible là où il n’y a plus d’humanité.


Fr. de Corcelle.