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amicales relations de la France et de l’Angleterre ont soutenu le ministère whig et produit des améliorations matérielles, communes aux deux pays ; tout ce qui pouvait amener le désastre, la ruine et la guerre, a fait naître la prospérité, le calme, et assuré la paix. Que la France et l’Angleterre restent donc unies pour le repos du monde, qu’elles tiennent, dans leurs puissantes mains, et pour la liberté qui trouvera toujours, ici ou là, un port et un refuge !

Mais cette alliance de la France et de l’Angleterre ne saurait plus être aujourd’hui la seule, l’unique alliance de la France, avec une puissance du premier rang. Sans doute les principes politiques que doit professer le gouvernement français, l’obligent à conserver précieusement les liens qu’il a contractés avec les gouvernemens constitutionnels qui ont signé le traité de la quadruple alliance ; mais se renfermer absolument dans ce traité, s’isoler de toutes les puissances qui n’y ont pas pris part, c’est en quelque sorte adopter un état de guerre, ou du moins de paix armée, et la France doit désirer maintenant une situation moins précaire. Or, ce vœu sera d’autant plus facile à réaliser, que les autres gouvernemens semblent venir au-devant d’elle et lui tendre les mains.

L’alliance avec l’Angleterre, qui est un avantage réel et immense pour la France, ainsi que pour l’Angleterre, dans les conjonctures où l’Europe se trouve aujourd’hui, n’a pas été sans inconvéniens, et la politique extérieure de la France a été mise récemment à une rude épreuve, d’où elle est sortie d’une manière qui pourra lui devenir profitable, s’il en faut juger par quelques indices diplomatiques, entre autres par les invitations adressées de Vienne et de Berlin aux deux princes français.

En Angleterre, une sorte de concurrence de popularité s’était établie entre les tories et les whigs ; dans la chambre des lords et dans les communes, c’était à qui s’inquiéterait le plus vivement des projets de la Russie. Les négocians de Londres, les armateurs des ports, les fabricans de toutes les villes maritimes, faisaient chorus avec les deux partis. Aux interpellations du parti tory répondaient les adresses de la Cité et des provinces, et le ministère, jaloux de se mettre à la hauteur de l’opinion publique, ne ménageait pas ses termes quand il était question de l’empereur Nicolas. Le caractère de lord Palmerston ajoutait encore à ces germes de discussion ; car lord Palmerston a une certaine analogie avec M. le duc de Broglie ; ses négociations, si on peut leur donner ce nom, ont un caractère d’âpreté qui repousse, et la sécheresse de ses formes a éloigné de l’Angleterre la diplomatie étrangère, que, de son côté, M. de Broglie ne prenait pas à tâche de rapprocher de la France.

Da grandes questions s’étaient élevées entre la Russie et l’Angleterre, questions où la France était intéressée, sans doute, mais non pas sous