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vernement doué de quelque intelligence ne pouvait hésiter. Une disposition du traité du 15 novembre réserve, il est vrai, à la Belgique, le droit d’ouvrir par Sittard ou Venloo une communication directe avec l’Allemagne à travers le territoire hollandais ; mais ce sont là de ces clauses sur lesquelles il y aurait de la démence à fonder l’édifice de la prospérité publique. Il ne pouvait entrer dans l’esprit de personne d’attendre, pour user d’une telle faculté, le bon plaisir et l’autorisation de la Hollande. D’autres motifs d’utilité publique justifiaient, d’ailleurs, le tracé par le centre du royaume, et les dépenses plus considérables que ce plan entraînait nécessairement.

Le pays de Liége manque de débouchés suffisans pour les produits de ses innombrables usines. Dans la Prusse rhénane, les districts d’Eschweiler et de Düren, si riches en minerais et en houillères, les exploitations de lignite de Kerpen et de Frechen sont également dépourvus de communications faciles avec le Rhin et avec la Meuse. Cette direction était donc indiquée par la nature des choses ; et quelles que puissent être les préoccupations du gouvernement prussien, son administration est trop habile et trop paternelle pour refuser son concours à un projet d’un avantage manifeste pour ces provinces, et dont la pensée y a été avidement accueillie.

Rendre aux villes commerçantes du royaume plus que la révolution ne leur a ôté ; unir Anvers à Cologne par un trajet de douze heures[1] ; enlever ainsi à la Hollande le principal avantage de sa situation naturelle,

  1. Si les plans conçus ne rencontrent pas d’obstacles imprévus, et que les chemins de fer, si incontestablement utiles pour le transport des voyageurs, puissent s’appliquer au transport des matières premières, ainsi que le croit le gouvernement belge, le trajet sera de seize heures au plus pour les gros waggons chargés des plus lourdes marchandises. Pour faire apprécier les conséquences de cette rapidité de circulation, nous croyons devoir ajouter ici un tableau indicatif des prix du fret et du nombre des jours consacrés à la navigation du Rhin, de Rotterdam à Cologne. Ou remarquera que ce tableau ne comprend pas les péages et droits divers qui, conformément à la convention de Mayence du 31 mars 1831, sont fixés à environ 22 fr. 64 c. en remonte et 14 fr. 36 c. en descente, par tonneau de 1000 kilog.

    Par tonneau de 1000 kilog.
    Par bateau à vapeur
    à la remonte
    en 14
    jours par alléges remorquées 
    de 20 à 32 fr.
    en 8
    jours par le waaren-dampschiffe 
    26 38
    en 5
    jours par le passagier-dampschiffe 
    33 46
    à la descente
    en 11
    jours 
    9 21
    en 7
    jours 
    12 34
    en 4
    jours 
    13 45
    Et par bateau à voile
    en 13 à 15 jours, excepté en hiver, où la durée du voyage est indéterminée
    à la remonte 
    19 32
    à la descente 
    8,40 17