Page:Revue des Deux Mondes - 1836 - tome 6.djvu/608

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.



DE
LA CONSERVATION
D’ALGER.

Il y a neuf ans, le 30 avril 1827, le consul de France reçut un coup d’éventail du dey d’Alger. Cette insulte amena une déclaration de guerre à la régence, et nous mîmes le port d’Alger en état de blocus. Notre escadre ne fut pas aussi heureuse que brave dans ses premières opérations : la guerre paraissait devoir être longue et dispendieuse ; on revint à des pensées d’accommodement et de paix. Le dey repoussa obstinément toutes les propositions, même les plus modestes. Sur ces entrefaites le pavillon français fut insulté, et les batteries algériennes firent feu sur le vaisseau la Provence. Dès-lors il était impossible de parler autrement au Barbaresque qu’à coups de canon. Il ne s’agissait plus de bloquer Alger, mais d’y entrer. L’entreprise était périlleuse ; elle fut appelée téméraire ; elle se mêlait d’ailleurs, dans la pensée de ceux qui la décrétaient, à des desseins liberticides. Mais ni les attaques de l’opposition, ni les défiances du pays, ni les terreurs des chefs de la marine ne prévalurent contre le courant qui nous emportait en Afrique. Les plages de Sidi-Ferruch ne nous furent pas fatales, et la valeur française s’ajoutant à la fortune, vingt jours après le débarquement Alger nous ouvrait ses portes.