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LES RÉPUBLIQUES MEXICAINES.

conscripts du sénat de Mexico disait dernièrement : « Tandis que la veja Europa, caduca y flaquea cada dia mas ! tandis que la vieille Europe tombe en décrépitude et maigrit chaque jour davantage, nos jeunes républiques croissent à l’ombre de la liberté !… » Ne serait-il pas temps de faire cesser toutes ces ridicules fanfaronnades ? Quels égards doit-on à une nation qui fait profession de mépriser toutes les autres, de les vouer à l’insulte et au poignard ? Croira-t-on qu’après la bataille de Zacatécas, un général, dans l’ivresse du triomphe, disait à un étranger : « Vous voyez à présent ce que nous savons faire, et que nous ne craignons aucune nation du monde ; nous allons maintenant donner une bonne leçon à nos insolens voisins du nord (les Américains), et ensuite à l’orgueilleuse Angleterre. — Mais, reprit l’autre, n’êtes-vous pas d’avis d’en faire autant à l’égard de la Russie et de la France ? — Peut-être… un peu plus tard ; jusqu’à présent, nous n’avons pas trop à nous plaindre de ces deux puissances ! — Que la France se rassure pourtant : il faudrait que el immortal Santa-Anna passât les mers avec ses lépreux mexicains, et la marina nacional de la jeune république consiste en une goëlette de six canons !!

La position des sujets européens au Mexique est plus précaire encore depuis que le parti des moines a le dessus. On conçoit, en effet, que les moines soient les plus grands ennemis des étrangers, car ils savent que par leur contact avec ceux-ci, les Mexicains ne peuvent manquer de sortir de l’abrutissement où ils les tiennent plongés ; aussi ne cessent-ils de soulever contre eux la colère du peuple, qui, dans son aveuglement et ses sottes préventions, ne voit pas tout ce dont il est redevable aux Européens. Ce sont les droits perçus sur les importations étrangères qui alimentent et soutiennent son gouvernement ; s’il s’est introduit quelques améliorations, de quelque genre que ce soit, dans ses institutions, dans ses mœurs et jusque dans les commodités de la vie ; s’il y a dans la capitale quelque mouvement, quelque commerce, quelque luxe, c’est aux étrangers qu’il le doit. Si le riche a une habitation commode, des meubles somptueux et de bon goût, s’il porte un habit de drap fin et d’une coupe gracieuse, il doit en remercier l’industriel étranger qui est venu de deux mille lieues lui révéler des jouissances qu’il ne connaissait pas. Si la piquante Mexicaine porte à ses jambes de riches