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REVUE. — CHRONIQUE.

des actes de justice et de réparation. Le choix le plus remarquable, celui de M. Dufaure, montre qu’il n’y a plus d’exclusion inflexible, pas même contre l’extrême gauche. C’est en effet de ce côté de la chambre qu’est parti M. Dufaure pour arriver au conseil-d’état. M. Dufaure, ancien signataire du compte-rendu, est l’un des hommes parlementaires dont l’influence a été le plus laborieusement acquise ; son débit est terne, son argumentation serrée ; il résume une discussion avec une vigueur et une clarté remarquables, et enlève un vote de la chambre, non pas par un de ces coups de tonnerre, une de ces éloquentes sorties familières à M. Berryer ou à M. Dupin, mais en échauffant graduellement son auditoire ; on croit toujours en entendant M. Dufaure n’avoir jamais le courage de l’écouter jusqu’au bout, et il est difficile de ne pas partager à la fin un avis si bien déduit. La nomination de M. Dufaure et celle de M. Félix Real, sont deux loyales satisfactions données aux opinions de la gauche modérée. Il faut espérer que l’on ne se bornera pas à des témoignages d’estime envers les hommes, et que la presse aura bientôt à constater d’autres améliorations qu’on est en droit d’attendre et d’exiger.

Nul mouvement ne se fera dans la diplomatie. M. Guizot n’a pas plus sollicité l’ambassade de Londres qu’on n’a songé à la lui offrir : le poste d’ailleurs n’est point vacant. Le général Sébastiani n’a pas la moindre envie de l’abandonner, et il ne s’agit pas davantage de l’en retirer. Sa santé, aujourd’hui rétablie, le rend, dit-on, très suffisant près du cabinet de Saint-James. Il est du moins certain que notre ambassadeur, qui vivait dans une profonde retraite l’an passé, a fait grande figure durant toute la présente saison : il a ouvert ses salons au monde fashionable, et donné des fêtes à Manchester-Square, qui ont rivalisé avec les plus splendides routs du West-End.


— Un journal annonce qu’un de nos collaborateurs, M. Sainte-Beuve, est sur les rangs pour la place vacante à la bibliothèque de Sainte-Geneviève. Ce bruit n’a aucun fondement.


— Les poésies de M. Jean Reboul se recommandent elles-mêmes indépendamment de l’intérêt qu’excite leur auteur. Un talent incontestable s’y produit. Le vers est partout élégant, correct, harmonieux, bien coupé. L’auteur sait tous les secrets de la nouvelle école ; il les sait trop bien peut-être. Nous lui voudrions moins de savoir-faire et plus d’origi-