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coalisées ; M. de Nesselrode régla tous les articles de cette convention et les bases de l’alliance militaire.

Un nouvel élément s’était manifesté dans la diplomatie russe à cette époque. Le général Pozzo di Borgo venait d’arriver au quartier-général, après avoir rempli sa mission auprès du prince royal de Suède, Bernadotte ; Pozzo di Borgo représentait toutes les haines du parti corse contre Napoléon ; il était l’ami des généraux mécontens de l’empire ; son idée fixe était la chute de Bonaparte. Le comte de Nesselrode eut, sinon à lutter contre cette influence, du moins à en atténuer les conséquences exagérées. Comme M. de Metternich, le comte de Nesselrode croyait qu’il était possible de traiter avec Napoléon, en limitant sa puissance militaire, de telle sorte qu’elle ne menaçât plus l’indépendance allemande, ni la sécurité des intérêts et des relations des grands états. Sur ce point, le comte de Nesselrode se rapprochait encore des opinions d’Alexandre, qui, durant la campagne de 1813, ne pensait pas plus à renverser l’empereur des Français qu’à se mêler des formes du gouvernement de la France. La question du renversement ne vint qu’en 1814 ; on avait assez alors des affaires d’Allemagne ; le Rhin n’était pas franchi. On a dit que le comte de Nesselrode, connaissant l’entrevue d’Abo entre l’empereur Alexandre et Bernadotte, ne pouvait ignorer qu’il y avait été question d’un grand nombre d’éventualités, parmi lesquelles se trouvait la possibilité d’une autre forme de gouvernement en France. Ceux qui savent un peu le fond des affaires, n’ignorent pas que rien ne fut plus vague que cette entrevue, si on en excepte la question des rapports intimes de la Russie et de la Suède, de leurs différentes réclamations territoriales et pécuniaires, et qu’on n’y arrêta aucune convention pour renverser le souverain qui jouissait en France d’une autorité incontestée.

En 1814, lorsque les alliés eurent passé le Rhin, la diplomatie dut suivre en personne toutes les phases de la guerre, pour être toujours à portée de répondre aux propositions qui pouvaient être faites par l’empereur Napoléon. L’arrivée de lord Castlereagh sur le continent facilitait les transactions pour les subsides et l’armement des corps ; l’Angleterre à ce moment, il faut bien le dire, avait acquis un tel ascendant, qu’elle seule, en quelque sorte, donnait l’impulsion et dirigeait tous les actes des cabinets : fournissant les subsides de guerre, rien de plus simple qu’elle dût leur assigner un em-