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IL NE FAUT JURER DE RIEN.

LA BARONNE.

Dix et dix font vingt ; les Raimbaut sont quatre ; vingt, trente. Qu’est-ce que vous dites, l’abbé ?

L’ABBÉ.

Je demande, madame la baronne, si c’est dans sa belle chambre jaune que mademoiselle Cécile est enfermée ?

LA BARONNE.

Non ; c’est là, dans la bibliothèque ; c’est encore mieux ; je l’ai sous la main. Je ne sais ce qu’elle fait, ni si on l’habille, et voilà la migraine qui me prend.

L’ABBÉ.

Désirez-vous que je l’entretienne ?

LA BARONNE.

Je vous dis que le verrou est mis ; ce qui est fait est fait ; nous n’y pouvons rien.

L’ABBÉ.

Je pense que c’était sa femme de chambre qui causait avec ce lourdaud. Veuillez me croire, je vous en supplie ; il s’agit là de quelque anguille sous roche, qu’il importe de ne pas négliger.

LA BARONNE.

Décidément, il faut que j’aille à l’office ; c’est la dernière fois que je reçois ici.

(Elle sort.)
L’ABBÉ, seul.

Il me semble que j’entends du bruit dans la pièce attenante à ce salon. Ne serait-ce point la jeune fille ? Hélas ! ceci est inconsidéré !

CÉCILE, en dehors.

Monsieur l’abbé, voulez-vous m’ouvrir ?

L’ABBÉ.

Mademoiselle, je ne le puis pas sans autorisation préalable.

CÉCILE, de même.

La clé est là, sous le coussin de la causeuse ; vous n’avez qu’à la prendre, et vous m’ouvrirez.

L’ABBÉ, prenant la clé.

Vous avez raison, mademoiselle, la clé s’y trouve effectivement ; mais je ne puis m’en servir d’aucune façon, bien contrairement à mon vouloir.

CÉCILE, de même.

Ah ! mon Dieu ! je me trouve mal !

L’ABBÉ.

Grand Dieu ! rappelez vos esprits. Je vais quérir madame la baronne.