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REVUE DES DEUX MONDES.

Est-il possible qu’un accident funeste vous ait frappée si subitement ? Au nom du ciel ! mademoiselle, répondez-moi, que ressentez-vous ?

CÉCILE, de même.

Je me trouve mal ! je me trouve mal !

L’ABBÉ.

Je ne puis laisser expirer ainsi une si charmante personne. Ma foi ! je prends sur moi d’ouvrir ; on en dira ce qu’on voudra.

(il ouvre la porte.)
CÉCILE.

Ma foi, l’abbé, je prends sur moi de m’en aller ; on en dira ce qu’on voudra.

(Elle sort en courant.)



Scène III.

Un petit bois.
Entrent VAN BUCK et VALENTIN.
VALENTIN.

La lune se lève et l’orage passe. Voyez ces perles sur les feuilles ; comme ce vent tiède les fait rouler ! À peine si le sable garde l’empreinte de nos pas ; le gravier sec a déjà bu la pluie.

VAN BUCK.

Pour une auberge de hasard, nous n’avons pas trop mal dîné. J’avais besoin de ce fagot flambant ; mes vieilles jambes sont ragaillardies. Eh bien ! garçon, arrivons-nous ?

VALENTIN.

Voici le terme de notre promenade ; mais si vous m’en croyez, à présent, vous pousserez jusqu’à cette ferme dont les fenêtres brillent là-bas. Vous vous mettrez au coin du feu, et vous nous commanderez un grand bol de vin chaud, avec du sucre et de la cannelle.

VAN BUCK.

Ne te feras-tu pas trop attendre ? Combien de temps vas-tu rester ici ? Songe du moins à toutes tes promesses, et à être prêt en même temps que les chevaux.

VALENTIN.

Je vous jure de n’entreprendre ni plus ni moins que ce dont nous sommes convenus. Voyez, mon oncle, comme je vous cède, et comme, en tout, je fais vos volontés. Au fait, dîner porte conseil, et je sens bien que la colère est quelquefois mauvais ami. Capitulation de part et d’autre. Vous me permettez un quart-d’heure d’amourette, et je renonce à toute espèce de vengeance. La petite retournera chez elle, nous à Paris, et tout sera dit. Quant à la détestée baronne, je lui pardonne en l’oubliant.