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IL NE FAUT JURER DE RIEN.

voilà à pied par le temps qu’il fait. Vous ne l’avez pas vue dans le bois ? Elle s’est sauvée, c’est comme en rêve ; elle était coiffée et poudrée d’un côté, c’est sa fille de chambre qui me l’a dit. Elle est partie en souliers de satin blanc ; elle a renversé l’abbé qui était là, et lui a passé sur le corps. J’en vais mourir ! Mes gens ne trouvent rien ; et il n’y a pas à dire, il faut que je rentre. Ce n’est pas votre neveu, par hasard, qui nous jouerait un tour pareil ? Je vous ai brusqué, n’en parlons plus. Tenez, aidez-moi et faisons la paix. Vous êtes mon vieil ami, pas vrai ? Je suis mère, Van Buck. Ah ! cruelle fortune ! cruel hasard ! que t’ai-je donc fait ?

(Elle se met à pleurer.)
VAN BUCK.

Est-il possible, madame la baronne ! vous, seule à pieds ! Vous, cherchant votre fille ! Grand Dieu ! vous pleurez ! Ah ! malheureux que je suis !

L’ABBÉ.

Sauriez-vous quelque chose, monsieur ? De grâce, prêtez-nous vos lumières.

VAN BUCK.

Venez, baronne ; prenez mon bras, et Dieu veuille que nous les trouvions ! Je vous dirai tout ; soyez sans crainte. Mon neveu est homme d’honneur, et tout peut encore se réparer.

LA BARONNE.

Ah ! bah ! C’était un rendez-vous ? Voyez-vous la petite masque ! À qui se fier désormais ?

(Ils sortent.)

Scène IV.

Une clairière dans le bois.
Entrent CÉCILE ET VALENTIN.
VALENTIN.

Qui est là ? Cécile, est-ce vous ?

CÉCILE.

C’est moi. Que veulent dire ces torches et ces clartés dans la forêt ?

VALENTIN.

Je ne sais ; qu’importe ? Ce n’est pas pour nous.

CÉCILE.

Venez là, où la lune éclaire ; la, où vous voyez ce rocher.

VALENTIN.

Non, venez là où il fait sombre ; là, sous l’ombre de ces bouleaux. Il est possible qu’on vous cherche, et il faut échapper aux yeux.