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vons pas du tout l’argument sur lequel elle est fondée pitoyable, comme le bilieux écrivain en suppose encore charitablement aux critiques l’intention. Bien mieux, nous le trouvons plausible et concluant. Il atteste même, de la part de l’écrivain, un labeur de recherches et des soins consciencieux que n’accusait pas l’apparente précipitation de ses précédens travaux. Du reste, nous l’avouons sincèrement, c’eût été une lampe au lieu d’une chandelle, nous n’y eussions pas vu, quant à nous, d’inconvénient grave. C’est toujours un mérite louable que l’exactitude des détails ; il y a des cas seulement où son extrême minutie ressemble bien un peu à la puérilité.

Les deux volumes des Romans historiques du Languedoc aujourd’hui publiés, ne sont que l’ouverture d’une longue série que l’auteur donnera successivement par parties détachées. Il se propose d’encadrer dans des bordures toutes romanesques l’histoire de cette intéressante province, depuis son berceau jusqu’à l’époque moderne. La première série comprend quatre tableaux des mœurs celtes, gauloises, romaines et chrétiennes, présentés sous la forme de nouvelles. Il faut reconnaître dans ces petits romans une étude sérieuse et puisée aux sources, d’ingénieuses explorations archéologiques. Il ne s’ensuit pas qu’ils attachent vivement. C’est peut-être la faute des sujets. La scène d’un livre placée en des temps si lointains et obscurs, captive difficilement l’attention. Il n’y a guère qu’une forme parfaite et merveilleuse qui puisse revêtir de quelque intérêt ces représentations des époques antiques. Nous ne croyons un peu à la vie de leurs personnages que si nous les voyons marcher sous l’harmonieuse draperie d’un style large et majestueux. Malheureusement les héros gaulois ou romains de M. Frédéric Soulié ne sont point habillés de cette étoffe. C’est dans Silia, Bebrix, Siguor et les Saintes Puelles, la même langue diffuse, incorrecte, inélégante, qui gâte d’ordinaire les qualités énergiques de toutes les compositions de cet auteur. Seulement le tort de négligence extrême est ici plus sensible et plus grave. Mais ne réussira-t-on pas à convaincre M. Frédéric Soulié que ce tort dépend de sa volonté ; qu’il saurait écrire, s’il le voulait patiemment et résolument ?

Si peu flatteuses et polies que soient habituellement pour nous les préfaces, nous eussions pourtant fort souhaité d’en voir une en tête d’une Couronne d’épines de M. Michel Masson. Ce roman soulève certaines questions sur lesquelles nous n’aurions pas été fâchés d’avoir l’avis de l’auteur. Il eût été bon qu’il s’expliquât lui-même touchant les licences plus que poétiques qu’il a prises. Dans une dédicace de quelques lignes, adressée à M. Saintine, il déclare qu’il a voulu faire un livre utile. Son livre sera-t-il utile ? Tout au plus. Au moins, hâtons-nous de le dire, il amuse