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qu’elle connaissait ses devoirs sans qu’on les lui rappelât, et savait les remplir sans qu’il fût besoin de l’en sommer ; elle récriminait contre certaines accusations contenues dans la note française, parlait de ses droits, et vengeait par quelques mots plus heureux que justes sa dignité méconnue. Au reste, elle présentait le conclusum du 23 août et un concordat sur la police des réfugiés, récemment voté sur la proposition de Zurich, comme la meilleure preuve de ses intentions et du prix qu’elle mettait à ne fournir aux états voisins aucun sujet de juste plainte.

Cette réponse, un peu hautaine, n’aurait pas été relevée par la France, sans l’étrange incident qui, après l’heureux dénouement de la question des réfugiés, a replongé la Suisse dans de nouveaux embarras, et amené de la part du gouvernement français une demande formelle de réparation, appuyée de l’interruption des rapports de chancellerie entre les deux gouvernemens.

M. de Montebello adressa, le 19 juillet, une note au directoire fédéral, pour demander l’expulsion d’un Italien, nommé Conseil, natif d’Ancône, qui devait s’être rendu en Suisse avec un faux passeport. Conseil se trouvait effectivement à Berne, depuis le 10 juillet, avec le faux passeport signalé. Il s’était présenté le 14 au bureau de police, y avait déclaré son vrai nom, avait dit qu’il était porteur d’un faux passeport, et qu’il s’était sauvé de France après l’attentat d’Alibaud, parce que, déjà impliqué par un concours de circonstances fortuites dans l’affaire Fieschi, il avait craint une nouvelle arrestation préventive, à l’occasion du dernier attentat contre la vie du roi. Le permis de séjour qu’il sollicitait lui fut refusé, selon le rapport fait à la diète, et on lui ordonna de quitter Berne. L’exécution de cet ordre aurait dû être surveillée ; ou elle ne le fut pas, ou elle le fut mal, car il est certain que Conseil est resté à Berne, au moins jusqu’au 22, avec son faux passeport. Comme la note du 19 juillet fut communiquée le même jour à tous les états, il est à présumer que le directoire l’aura aussi transmise immédiatement au département de la police de Berne. Le directeur de la police, M. Watt, avait reçu la déclaration de Conseil ; c’était bien l’individu signalé par la note du 19 juillet. Cependant il ne fut pas inquiété.

Du 23 juillet au 6 août, Conseil a disparu. Il prétend avoir fait un voyage en France. Le 6 août, il arrive de nouveau à Berne, y retrouve plusieurs réfugiés italiens dont quelques-uns l’avaient