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Il ne restait plus aucun vestige de cette grave dissidence, lorsqu’en l’année 581, le roi Hilperik choisit pour habitation d’été le domaine de Nogent, sur les bords de la Marne près de son confluent avec la Seine. L’évêque de Tours, parfaitement réconcilié, vint saluer le roi à sa nouvelle demeure ; et pendant qu’il y séjournait, un grand évènement fit diversion à la monotonie habituelle de la vie intérieure du palais[1]. Ce fut le retour d’une ambassade envoyée à Constantinople pour féliciter l’empereur Tibère, successeur de Justin-le-Jeune, de son avènement au trône. Les ambassadeurs chargés des présens du nouvel empereur pour le roi Hilperik, étaient revenus en Gaule par mer, mais au lieu de débarquer à Marseille, ville que se disputaient alors le roi Gonthramn et les tuteurs du jeune roi Hildebert, ils avaient préféré, comme plus sûr pour eux, un port étranger, celui d’Agde qui appartenait au royaume des Goths[2]. Assailli par une tempête en vue de la côte de Septimanie, leur navire échoua sur des brisans, et tandis qu’eux-mêmes se sauvaient à la nage, toute la cargaison fut pillée par les habitans du pays. Heureusement l’officier qui gouvernait la ville d’Agde au nom du roi des Goths, crut qu’il était de son devoir ou de sa politique d’intervenir, et il fit rendre aux Franks, sinon tout leur bagage, au moins la plus grande partie des riches présens destinés à leur roi[3]. Ils arrivèrent ainsi au palais de Nogent à la grande joie de Hilperik, qui s’empressa de faire étaler, devant ses leudes et ses hôtes, tout ce qui venait de lui être remis de la part de l’empereur, en étoffes précieuses, en vaisselle d’or et en ornemens de toute espèce[4].

Parmi un grand nombre d’objets curieux ou magnifiques, ce que l’évêque de Tours considéra avec le plus d’attention, peut-être

    episcopo, hæc ei præcepit recenseri… Quod ille audiens ita respuit, ut si chartam, in qua hæc scripta tenebantur potuisset adtingere in frusta discerperet. Et sic rex ab hâc intentione quievit. (Gregorii Turon., Hist. lib. v, pag. 259.)

  1. Tunc ego novigentum villam ad occursum regis abieram. (Gregorii Turon., lib. vi, pag. 266.) — Adriani Valesii, rerum franc., lib. xi, pag. 125.
  2. Legati Chilperici regis, qui ante triennium ad Tiberium imperatorem abierant, regressi sunt non sine gravi damno atque labore. Nam cùm Massliensem portum propter regum discordias adire ausi non essent… (Gregorii Turon., lib. vi, pag. 266.)
  3. Res autem quas undæ littori invexerant incolæ rapuerunt : ex quibus quod melius fuit recipientes, ad Chilpericum regem retulerunt. Multa tamen ex his Agathenses secum retinuerunt. (Ibid.)
  4. Multa autem et alla ornamenta quæ à legatis sunt exhibita, ostendit. (Ibid.)