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HOMMES D’ÉTAT DE L’ANGLETERRE.

considéré de ses propres partisans, étaient l’une et l’autre de cette dernière maison, actuellement représentée par le comte de Stamford. Les généalogistes supposent plutôt qu’ils n’établissent une connexité entre les Grey dont nous venons de parler et ceux du Northumberland.

Le père de lord Grey était cadet de sa maison. Promu au grade de général avant les dernières guerres, il hérita des propriétés de la famille et du manoir d’Howick par suite de la mort de son frère aîné ; mais il ne fut élevé à la pairie qu’en 1806. Charles Grey, son fils, fut envoyé, en 1786, au parlement, comme représentant du comté de Northumberland, à l’âge de vingt-deux ans. À cette époque, un homme qui n’avait que trois ou quatre années de plus, William Pitt, avait été, par un singulier concours de circonstances, élevé au plus haut poste du gouvernement. Seul, sans autre appui que le roi et une courageuse opiniâtreté, ce jeune ministre luttait victorieusement contre la majorité de la chambre des communes, que rendaient pourtant si redoutable les talens de Fox et de ses amis politiques. L’adhésion immédiate de Charles Grey aux principes whigs fut attribuée à l’influence de la fameuse duchesse de Devonshire, qui employait infatigablement tout ce qu’elle avait d’esprit et de beauté à conquérir à son parti de jeunes champions politiques.

Durant les années qui précèdent la révolution française, nous trouvons Charles Grey, dans les débats parlementaires, fréquemment opposé aux mesures de Pitt et en conflit avec lui. Il avait quelque chose de la résolution et de l’opiniâtre fermeté du ministre. La discussion prenait souvent entre eux un caractère d’animosité personnelle. Mais Charles Grey n’était pas de force contre Pitt, dont la vigueur suffisait pour déjouer tous les efforts de la plus brillante opposition qui ait été vue en Angleterre.

À cette époque, le prince de Galles, depuis George IV, entretenait des relations intimes avec les chefs de l’opposition, et surtout avec Fox et Sheridan. Ce prince était fort jeune alors. Son âge et l’ardeur de son tempérament excusaient et couvraient d’un vernis d’élégance de nombreuses faiblesses, qui dégénérèrent plus tard en vices ignobles. Il avait de la galanterie et de l’amabilité. On le considérait comme le chef de ce monde fashionable qui affectait de mépriser les antiques habitudes d’ordre paisible et d’é-