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LA NAVARRE ET LES PROVINCES BASQUES.

chises et priviléges, il lui soit incontinent désobéi ; s’il persiste, qu’on le mette à mort. » Ainsi, les provinces basques s’étaient adjointes, par le lien de vassal à suzerain, au royaume de Castille, mais sans s’y incorporer, sans s’y confondre.

« Depuis cette époque jusqu’à nos jours, elles sont restées, sans interruption ni changement, dans cet état de dépendance extérieure et d’indépendance intérieure dont les cités romaines, sous l’empire, avaient déjà donné l’exemple, et qu’eurent un moment les cantons suisses, lorsqu’ils laissèrent prendre à Napoléon le titre de médiateur de la confédération helvétique. Du reste, il existe encore aujourd’hui, entre les provinces basques et l’Espagne, toutes les séparations, toutes les barrières qui rendent deux nations étrangères l’une à l’autre. Les Vascons parlent une langue qui leur est propre (el vascuense, et, parmi eux, eskara), une langue primitive, qui ne dérive ni du latin ni du celtique, et qui n’a pas plus de rapport avec l’espagnol qu’avec le chinois, ce qui fait qu’ils ne comprennent pas leurs voisins, et n’en sont pas compris. Leurs fueros les exemptent des conscriptions (quintas) que l’Espagne lève sur les autres provinces. Ils ne lui doivent aucun service de guerre. Seulement, d’après les vieilles lois de la féodalité, ils sont tenus, en cas d’invasion étrangère, de se lever en masse pour la défense commune du pays ; et ce devoir, ils l’ont bien rempli pendant la guerre de l’indépendance. Les provinces basques, exemptes de l’impôt d’hommes, ne paient pas non plus d’impôts d’argent à l’Espagne. Deux d’entre elles, Alava et Guipuzcoa, achètent sa suzeraineté, sa protection, par un tribut qu’on nomme encore alcabala, du mot que les Castillans avaient emprunté aux Arabes. Mais cette alcabala perpetua, qui n’a point varié depuis le traité fait avec Alphonse XI, est maintenant d’une insignifiance ridicule. Ainsi, le Guipuzcoa paie une contribution de 42,000 réaux (moins de 11,000 francs). Quant à la Biscaye, la plus démocratique des trois, elle s’est de tout temps affranchie de cet ancien tribut, dont le nom rappelle une idée de vassalité et de servage. Elle ne doit rien à l’Espagne ; mais elle lui fait quelquefois des dons volontaires (donativos), dont la quotité varie suivant les besoins du roi, qui sollicite, et la générosité de la province, qui accorde.

« Enfin les provinces exemptes (car c’est le nom que leur donnent les autres, comme par un sentiment d’envie) ne sont point soumi-