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gard embrasse en un instant l’espace entier de la composition. L’hésitation et l’inquiétude sont impossibles. Ceci est un grand bonheur ; mais il n’est donné de l’atteindre qu’à la science consommée.

L’œuvre de M. Calamatta mérite donc à plusieurs titres l’admiration et les applaudissemens de la critique. Non-seulement c’est une belle œuvre, une grande composition bien comprise et bien rendue, pure, harmonieuse ; mais encore c’est l’accomplissement d’une volonté persévérante. Il n’a pas fallu moins de sept années pour mener à bonne fin cette courageuse entreprise. Si nous voulons que la gravure multiplie les meilleures pages des grandes écoles, et déroule à nos yeux la série des inventions enfantées par les générations qui nous ont précédés, c’est un devoir impérieux d’encourager publiquement ceux qui se dévouent, comme M. Calamatta, à traduire les maîtres. Pas un des procédés que l’industrie moderne a mis à la mode depuis quelques années ne peut lutter avec la gravure pour la reproduction des œuvres savantes. Sans méconnaître le mérite relatif de ces procédés, il faut donc remercier les hommes qui ne reculent pas devant le sacrifice de plusieurs années, et qui ne perdent jamais de vue le but qu’ils ont choisi. De tels hommes sont rares ; proposons-les pour modèles, et saluons par nos applaudissemens chacune des œuvres qu’ils achèvent. Si nous réservions nos louanges pour les œuvres improvisées, la persévérance fléchirait bientôt, et l’art livré au caprice oublierait sa mission.


Gustave Planche.