simple traité, mais bien plutôt une bibliothèque complète de zoologie. Tout ce qu’on savait alors sur les animaux, tout ce que l’antiquité et le moyen-âge avaient transmis aux temps modernes de notions zoologiques, tout s’y trouve fidèlement rapporté, méthodiquement classé, et de plus, augmenté d’un certain nombre de faits habilement observés par Gesner lui-même. Cette œuvre résume donc en elle tous les livres précédens avec un immense avantage, et les complète par les premiers résultats de la science moderne : c’est tout à la fois l’époque de la compilation qui se clot, et celle de l’observation qui s’ouvre ; c’est le passé qui finit, et l’avenir qui commence.
Ce double caractère, qui marque en traits si évidens la transition d’une époque à une autre, nous le trouvons aussi imprimé aux ouvrages de Rondelet et Bélon. Ces deux illustres contemporains de Gesner se montrent partout, comme lui, livrés à l’étude directe de la nature, aussi bien qu’à celle des livres anciens. Ils observent l’une avec habileté, ils commentent les autres avec sagacité ; par leurs efforts communs et ceux de Salviani, l’une des branches les plus importantes et les plus difficiles de la zoologie, l’histoire des poissons, se trouve même dès-lors portée très loin. Mais ce mérite, auquel tous deux ont des droits égaux, n’est pas le seul dont la postérité doive leur tenir compte. À Rondelet il appartient d’avoir, dans son ichthyologie, préparé, par de justes et ingénieux rapprochemens, d’avoir ébauché même une classification rationnelle ; premier pas vers l’un des progrès les plus importans et alors les plus difficiles de la zoologie. Bélon, selon nous bien supérieur encore à Rondelet, ouvre à la science deux nouvelles voies : voyageur en Italie, en Grèce, dans l’Orient, il se montre partout observateur plein de sagacité, et ajoute à lui seul au trésor commun des connaissances plus de richesses que tous ses prédécesseurs, depuis l’antiquité, et tous ses contemporains à la fois ; puis, penseur audacieux dans ses ouvrages, il ose pour la première fois, à la tête de son traité sur les oiseaux, dresser le squelette d’un oiseau en face de celui de l’homme, et désigner par des signes communs toutes les parties communes à l’un et à l’autre : pensée d’une immense portée, d’une inconcevable audace pour une époque aussi reculée, et qui assure à Bélon l’honneur du premier essai tenté pour la démonstration de l’unité de compo-