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sition organique, comme à Aristote la gloire première de sa conception théorique.

vi.

La fin du xvie siècle et le xviie présentent encore à nos souvenirs plusieurs noms célèbres ; mais les uns, tels que ceux d’Ulysse Aldrovande et de Jonston, ne rappellent que des travaux de compilation, faits le plus souvent sans intelligence et sans idée de progrès. C’est l’ouvrage de Gesner qui sert de texte principal à Aldrovande, puis celui d’Aldrovande à Jonston ; sorte de métempsycose des mêmes idées et des mêmes faits, dont le seul résultat fut d’y introduire quelques erreurs de plus.

Jean Ray, qu’il ne faut pas confondre avec un autre zoologiste du même nom, Augustin Ray ; Jean Ray, dont les travaux appartiennent à la seconde moitié du xviie siècle, est au contraire un de ces hommes d’intelligence qui, entre ces deux voies toujours ouvertes à notre esprit vers le passé ou vers l’avenir, choisissent sans hésitation le progrès, et se portent hardiment et habilement au-devant de lui. La zoologie doit à Ray un de ces perfectionnemens capitaux qui suffiraient à caractériser une époque, l’établissement, pour plusieurs classes du règne animal, de classifications régulières et rationnelles ; classifications tellement remarquables, qu’elles ont été long-temps en usage chez les Anglais, et qu’aujourd’hui même plusieurs des divisions indiquées par Ray subsistent encore dans la science. Soit par lui-même, soit par son élève et ami Willughby dont il a complété et publié les travaux, Ray a donc eu le double mérite d’enrichir la science de faits nouveaux, et, par le classement des êtres déjà connus, d’ouvrir une voie facile aux investigations des observateurs futurs. L’Angleterre peut s’honorer d’avoir en lui donné naissance au précurseur de Linnée.

Dans cette même et mémorable époque, pendant que Ray s’essaie à coordonner l’ensemble de la zoologie, d’autres progrès s’accomplissent. Claude Perrault, l’immortel auteur de la colonnade du Louvre, et Duverney, fondent, nous n’osons dire encore l’anatomie comparée, car leurs descriptions ne sont jamais comparatives, mais au moins l’anatomie zoologique ; et deux Hollandais, dont les noms doivent être immortels, Leuwenhoeck et Hartsoeker,