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ABOLITION DE L’ESCLAVAGE.

L’assemblée générale aura lieu, à l’Hôtel-de-Ville, le jeudi 4 mai. Le programme en est réglé ainsi qu’il suit

Après le discours d’ouverture du président, M. le duc de Broglie, prendront successivement la parole, MM. Isambert, Passy, Odilon Barrot et Delaborde, sur les travaux de la société, sur l’état de l’esclavage, sur la nécessité et les conséquences morales, politiques et économiques de l’émancipation des nègres.

M. Isambert donne à la société communication de lettres écrites de la Martinique, où l’on trace un tableau très sombre des colonies. L’adresse du conseil colonial au gouverneur n’est qu’un cri impuissant contre un mal sans remède.

M. Passy croit en effet que la loi sur les sucres ne saurait empêcher le malaise des colonies, attendu l’accroissement considérable des fabriques indigènes.

The Emancipator, journal de New-York, contient un document curieux sur Haïty. Les colons tirent sans cesse argument de l’état mal connu de cette république nègre, pour prédire que les esclaves affranchis s’abandonneraient à la paresse. Un démenti formel leur est donné d’avance par le tableau des exportations et importations des États-Unis avec les différens pays du monde ; il en résulte que, sous ce double rapport, Haïty se trouve en première ligne. (The Emancipator, 26 janvier 1837.)

Séance du 13 mars.

M. Isambert communique un relevé de la population des colonies françaises au 31 décembre 1835. À la Martinique, les habitans libres s’élèvent au nombre de trente-sept mille neuf cent cinquante-cinq, les esclaves à celui de soixante-dix-huit mille soixante-seize. À la Guadeloupe, on compte quatre-vingt-seize mille trois cent vingt-deux esclaves pour trente-un mille deux cent cinquante-deux hommes libres. On n’a pas encore reçu les états de Bourbon et de la Guyane.

Il résulte des renseignemens de M. Isambert que la population esclave va sans cesse en décroissant ; il en résulte aussi ce contraste de chiffres, qui révèle à tous les yeux la condition des nègres :

À la Martinique, parmi les hommes libres, il y a un mariage sur cent quatre-vingt-six habitans ; parmi les esclaves un sur cinq mille deux cent cinq ; quinze en tout.

À la Guadeloupe, parmi les hommes libres, un mariage sur cent cinquante-huit habitans. Dans la population de quatre-vingt-seize mille trois cent vingt-deux esclaves, il ne s’est fait qu’un seul mariage.

Il est rendu compte à la société des séances du 9 mars à la chambre des pairs, et du 11 mars à la chambre des députés, où la question de l’affranchissement des nègres a été abordée.

Sur un rapport favorable de M. de Fréville, la pétition des hommes de couleur de la Martinique a été renvoyée par la chambre des pairs au président du conseil des ministres.

À la chambre des députés, M. Moreau, rapporteur de la pétition Vitalis, en ayant proposé le dépôt au bureau des renseignemens, M. Dufaure a demandé qu’elle fût renvoyée au ministre de la marine ; et