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DE L’AMNISTIE ET DE LA SITUATION POLITIQUE.

dans sa présence aux affaires, l’heureux don de rapprocher les hommes et de désarmer les haines ? Que le ministère du 15 avril prenne de plus en plus confiance en lui-même, qu’il s’appuie sur le centre gauche, et il vivra : l’avenir lui apportera les modifications et les forces nécessaires. Qu’il soit calme et résolu au milieu des petites perfidies que ne lui épargneront pas quelques personnes : dans la route qu’il a si heureusement prise, il est certain d’une majorité. Qu’il mette les homogènes en demeure de se constituer eux-mêmes les ultras de notre époque ; il ne faut jamais sauver à des adversaires l’occasion de se compromettre et de se perdre.

La satisfaction publique indique d’ailleurs au centre gauche ses obligations et sa conduite ; il doit travailler à maintenir au moins sa situation officielle, sauf, au moment favorable, à la fortifier et à l’agrandir. L’intérêt de tous est d’empêcher la rentrée aux affaires de quelques hommes dont la présence effacerait le bien accompli et dénaturerait l’avenir. Ces hommes ont quelquefois reproché, avec une dédaigneuse amertume au centre gauche et à la gauche, une irrésolution qui les empêchait de soutenir ceux de leurs amis qui s’approchaient du pouvoir, et de profiter des occasions heureuses. On doit écouter jusqu’aux injures de ses ennemis pour mieux les combattre ; que la nouveauté de la situation inspire donc aux hommes nationaux une habileté nouvelle ; les partis politiques ne doivent pas moins veiller sur eux dans les retours de la fortune que dans les revers.


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