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REVUE DES DEUX MONDES.

Quam brevis immensum cepit membrana Maronem
Ipsius vultus prima tabella gerit
[1].

De là, ces portraits de naturalistes dans le beau manuscrit de Dioscoride, de la bibliothèque de Vienne[2].

Quant à un moyen quelconque employé pour les multiplier par l’impression, il n’en existe pas trace chez les anciens, et il faut convenir qu’on ne comprendrait guère qu’un pareil moyen se fût perdu, une fois qu’il eût été trouvé. Varron, comme je l’ai dit, n’en aurait certes pas fait mystère ; cela est bon pour notre siècle à brevets d’invention. Ce benignissimum inventum, cette invention bienfaisante, il devait au contraire la faire connaître et la répandre. Or, ce qui se perd dans les procédés des arts, ce sont les recettes compliquées, c’est le secret de certaines préparations, mais non pas une idée simple, comme celle d’imprimer une planche gravée. On peut devenir moins habile que l’inventeur dans l’exécution, mais une telle idée, une fois trouvée et pratiquée, est immortelle. C’est une impérissable conquête de l’esprit humain. Ajoutons encore que cette manière d’imprimer, ne différant pas pour le fond du procédé de l’impression des gravures en taille douce, devait nécessairement conduire à tirer des épreuves de gravures sur divers métaux. Comme il faudrait admettre qu’après avoir pratiqué cet art admirable d’imprimer en couleur, ils l’eussent laissé tomber en oubli, ce qui paraît impossible, nous pouvons être assurés que les anciens ne l’ont pas plus connu que notre gravure en taille-douce, dont ils ne se sont jamais douté.

Letronne.
  1. Epigr., xiv, 186. — V. Schwarz, de ornam. libr. 1, 6.
  2. Visconti, Iconogr. grecque, tom. i, pag. 373 et suiv.