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DE L’INTERPRÉTATION DES HIÉROGLYPHES.

reconnaît. Admettons, jusque-là, que M. Salvolini ne s’aviserait pas d’augmenter gratuitement les difficultés qui s’opposent à l’interprétation de l’écriture hiéroglyphique.

À propos de cette réhabilitation des hiéroglyphes-rébus, M. Salvolini est tombé dans une méprise assez singulière. Cette espèce de caractères, rappelant le nom d’un objet au moyen de sa figure, rentre, comme on le voit, dans la grande classe des hiéroglyphes idéographiques ou symboliques. C’est donc un nouveau mode d’expression que M. Salvolini a découvert dans les caractères symboliques. Or, M. Salvolini, confondant mode avec méthode, confusion qui s’explique chez un étranger, transforme son mode d’expression en méthode d’interprétation, et raisonne de la manière suivante ; regardez bien : « M. Champollion, dit-il (pag. 225), avoue, dans son Précis du système hiéroglyphique, qu’il ne resterait plus qu’à trouver une méthode pour reconnaître la valeur des caractères symboliques ; et c’est là l’obstacle, ajoute-t-il, qui semble devoir retarder le plus l’intelligence pleine et entière des textes hiéroglyphiques. Or, je suis persuadé que cette méthode, que feu Champollion désira qu’on découvrît pour reconnaître l’origine du grand nombre parmi les caractères tropiques égyptiens, qui n’ont pu être expliqués par les procédés signalés par Clément d’Alexandrie ; que cette méthode, disons-nous, se trouve justement dans le nouveau principe que je viens d’appliquer. » Ce principe nouveau consiste à admettre que les Égyptiens employaient souvent les caractères hiéroglyphiques pour rappeler, non pas l’idée de l’objet figuré, non plus que les autres idées qui se rattachent à cet objet, mais simplement le nom qu’il porte dans la langue parlée. J’ai eu l’occasion, dans le commencement de cet article, de citer le passage du Précis que rappelle M. Salvolini. Est-il nécessaire, après ce que j’ai dit alors, d’ajouter ici que M. Salvolini n’a pas compris un mot de ce passage, et par conséquent du chapitre auquel il appartient, et dont il forme une des conclusions ? Cela est excusable chez un étranger ; mais toujours est-il qu’il y a loin, fort loin, d’une assertion (le principe de M. Salvolini) qui, ajoutant un rôle nouveau à tous ceux dont se trouvaient déjà chargés les caractères symboliques, n’a d’autre résultat que d’accroître les embarras de l’interprète, qu’il y a, dis-je, fort loin de cette assertion à une méthode (la méthode désirée par M. Champollion) qui per-