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DE L’INTERPRÉTATION DES HIÉROGLYPHES.

pollion, car cette preuve d’heureuse flexibilité du système des écritures sacrées serait en même temps une preuve de la fausseté du principe fondamental établi par M. Champollion.

Ce principe abandonné, nous aurions encore le moyen indiqué par M. Champollion pour reconnaître les cas où un caractère représente directement l’objet figuré. Ce moyen, comme je l’ai dit plus haut, consiste dans un signe dont le caractère hiéroglyphique est accompagné. Ce signe apparaissant une fois dans la partie de l’inscription de Rosette dont M. Salvolini nous donne l’analyse, nous pouvons juger encore si, des principes de M. Champollion, c’est celui-là qu’il a voulu justifier : pas plus que l’autre. Cette note, qui, pour M. Champollion, eût annoncé un caractère figuratif, paraît à M. Salvolini (page 185) démontrer que le caractère qu’elle accompagne est un déterminatif tropique. Encore si cette note pouvait servir à reconnaître les déterminatifs, mais non ; des nombreux déterminatifs que l’auteur reconnaît dans le cours de son analyse, celui-ci est le seul qui présente un caractère distinctif. D’ailleurs fussent-ils tous accompagnés de cette note, nous n’en serions guère plus avancés ; car, à la page 225, M. Salvolini nous avertit que la même note servait à faire d’un caractère le représentant accidentel d’un mot, c’est-à-dire à lui faire jouer le rôle de rébus ; et, d’un autre côté, à la page 160, il la place dans la classe des signes explétifs, tout en ajoutant qu’elle pouvait être employée à faire, d’un caractère hiéroglyphique, le représentant de l’objet dont il offre la figure. Évidemment une note qui pouvait servir à tant d’usages différens, ne nous peut servir à rien. Ainsi donc, bien loin de justifier les principes de M. Champollion, M. Salvolini les a repoussés, et, ce que l’on comprendra plus difficilement, il les a repoussés sans en mettre d’autres à leur place. Comment donc sans règles a-t-il pu faire un pas ? L’inspiration seule l’a guidé. À la vue de chaque caractère, il a deviné le rôle qu’il devait jouer. Celui-ci, s’est-il dit, doit être signe de son, il figure, dans l’alphabet ; celui-là, quoique figurant aussi dans l’alphabet, doit être signe d’idée ; celui-ci doit être un déterminatif, il est placé derrière le groupe dont il détermine le sens ; celui-là, quoique occupant le premier rang, doit être également un déterminatif, etc. Enfin, l’inspiration seule se montre partout ; l’inspiration et, si l’on veut, la conviction intime, ont été partout les seules règles de