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se lie évidemment à une combinaison générale dont l’issue est encore douteuse.

Maintenant, si on voulait grouper ces faits en situations générales à diverses époques, on trouverait à peu près les phases et les vicissitudes suivantes.

Pendant les premiers mois qui suivent la révolution de la Granja, les succès de Gomez, la défaite des troupes constitutionnelles à Jadraque par ce chef hardi, la trop longue impunité de ses courses à travers la Manche, sa jonction menaçante à Utiel avec Cabrera, le peu de résultats de l’avantage remporté à Villarobledo par les troupes de la reine, l’invasion de l’Andalousie, la prise de Cordoue, la destruction du corps des volontaires de Malaga, commandés par Escalante à Baena, le commencement du siége de Bilbao, l’organisation ou l’essai d’organisation des bandes catalanes par Maroto, l’anéantissement de l’armée du centre, forment un ensemble de faits qui inspire les plus graves inquiétudes aux amis de la cause libérale, qu’ils constituent en état d’infériorité.

À cette période de revers et d’humiliation succèdent de meilleurs jours. Gomez poursuit ses succès ; mais il n’établit nulle part un nouveau foyer d’insurrection carliste. Les généraux de la reine combinent mal leurs opérations, et ne s’entendent pas assez bien pour le détruire ; mais quand ils l’atteignent, ils le battent ; et enfin Narvaoz le contraint à regagner précipitamment la Navarre, sans avoir pu donner à son aventureuse expédition le caractère d’une diversion permanente. La bataille de San-Quirze, gagnée au commencement d’octobre par le brigadier Ayerbe sur Maroto et le baron d’Ortaffa, oblige le premier de ces deux chefs, homme dangereux par ses talens et l’énergie de son caractère, à se rejeter sur le territoire français, en abandonnant l’œuvre difficile de l’organisation des bandes catalanes. Sanz, battu dans les Asturies et dans la province de Burgos, est forcé de retourner en Biscaye, après avoir perdu beaucoup de monde. Cabrera éprouve défaite sur défaite depuis sa séparation d’avec Gomez ; les autres chefs ne sont pas plus heureux. Album, Gurrea, Borso, San-Miguel, obtiennent de brillans succès contre les factions catalanes et aragonaises. Enfin le siége de Bilbao est levé, après une de ces héroïques résistances qui feront l’éternel honneur de l’Espagne.

L’année 1837 s’ouvre sous de favorables auspices : la supériorité morale a passé du côté de la cause constitutionnelle ; mais il se prépare une funeste réaction. L’inquiétude succède au premier enthousiasme