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DE LA RUSSIE.

admettre ainsi que la septième partie ou 27,000 individus des deux sexes acquièrent une certaine instruction.

Les petits bourgeois, les artisans et autres habitans des villes et des bourgs (à l’exception du clergé, des nobles et des marchands) doivent être au nombre de 5,000,000. Supposons que sur quatre familles ou sur 20 individus appartenant à cette classe, il n’y en ait qu’un seul qui apprenne quelque chose, le nombre des enfans recevant l’enseignement serait de 250,000.

Il ne faut pas perdre de vue non plus la classe nombreuse des serviteurs, qui, sur 1 million de nobles et de fonctionnaires, peut être portée à 3 millions d’individus. Parmi eux un grand nombre se destinent dès l’enfance à l’état d’intendans, de scribes, de valets de chambre, quelques-uns même deviennent artistes ou petits employés ; plusieurs propriétaires ont organisé dans leurs maisons des écoles pour y faire instruire les enfans de leurs serviteurs. Nous ne commettrions point une erreur très grave en admettant que sur 15 individus de cette classe il en est un qui apprend quelque chose, ce qui nous fournit un total de 200,000 enfans recevant un enseignement élémentaire.

L’armée, y compris les femmes et les enfans des militaires, se compose de 1,200,000 individus. Nous avons vu que les fils des soldats, qui tous doivent entrer aux écoles, sont au nombre de 169,000.

Il nous reste à parler de la classe des paysans, la plus nombreuse de toutes, mais qui présente une si grande diversité sous le rapport du degré d’instruction dont elle jouit, qu’il est impossible d’établir à cet égard des principes uniformes. — Le nombre des paysans doit s’élever à environ 12,000,000 d’ames ; mais tandis que dans certaines contrées, comme dans la Russie-Blanche, en Volhynie et en Podolie, il y a à peine 1 sur 500 qui sache lire ; dans d’autres au contraire, comme dans les provinces du centre, aux environs des grandes villes, dans les gouvernemens où la population s’adonne de préférence au commerce et à l’industrie, dans les colonies allemandes, dans les provinces de la Baltique, dans les terres formant les apanages, dans celles de quelques grands propriétaires, cette proportion est beaucoup plus forte. En admettant ainsi la proportion moyenne de 1 à 300, nous obtiendrons, dans la classe des paysans, le nombre de 140,000 enfans jouissant d’une instruction élémentaire. Ainsi le nombre total des jeunes gens recevant un enseignement quelconque serait :