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POÈTES
ET
ROMANCIERS DU NORD.

ii.

POUCHKIN.

Il a fallu du temps à la Russie pour prendre sur la scène politique une place et un rôle à sa taille : travaillée pendant des siècles nombreux par des luttes intestines, presque réduite à la condition d’état fédératif, envahie par les Tartares, étrangère à toutes les transformations sociales, religieuses ou littéraires, que subissaient le centre et le midi de l’Europe, elle semblait attendre patiemment que l’esprit humain y fût parvenu à son apogée pour s’emparer du fruit de ses travaux et de ses découvertes. La Moscovie était mise par nos pères à peu près sur la même ligne que la Perse et la Chine, quand cette Moscovie sortit enfin de ses forêts, secoua sa barbarie, entra dans la carrière des armes, des sciences, de l’industrie, et la trouvant battue dans tous les sens par les nations qui l’avaient devancée, put sans peine la parcourir à pas de géant. Pierre Ier avait trouvé la Russie presque asiatique ; ce fut lui qui la saisit dans sa main puissante, et lança dans le système européen cette nouvelle planète dont ses