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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.
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14 août 1837.


Nous avons à signaler les progrès immenses qu’une grande question, la dissolution de la chambre des députés, a faits depuis quelques jours dans les esprits. Ces progrès sont de deux sortes. D’abord il paraît que la dissolution ne rencontre plus d’obstacles en haut lieu ; et puis, soit conviction de la nécessité de cette mesure, soit persuasion que l’opinion qui la demande est près de triompher, la voilà presque universellement adoptée comme un fait accompli. Un journal, qui s’était d’abord déclaré contre la dissolution, s’est décidé enfin à parler dans un sens favorable aux idées bien connues de M. le président du conseil. On en a conclu aussitôt que la dissolution était chose irrévocablement décidée, et il s’est trouvé des gens qui, bien autrement initiés que le ministère lui-même dans ses propres secrets, ont assigné le jour des nouvelles élections et dit au plus juste à quelle heure cette grande mesure avait reçu l’approbation royale dans les jardins du château d’Eu.

Pour nous, qui n’avons pas la prétention d’être aussi avancés, tout ce que nous pouvons dire, c’est que la dissolution est, en effet, à peu près certaine, à moins de grands évènemens au dehors, qui agiteraient vivement l’esprit public et ne permettraient pas à un gouvernement sage de compliquer la crise par des élections générales. Cependant la dissolution n’est pas encore positivement arrêtée ; elle n’a pas même été le sujet de délibérations formelles, et comme il est tacitement convenu que l’on attendra la publication des nouvelles listes, le ministère a encore tout le temps de laisser la position des choses se dessiner plus nettement à l’extérieur.

Il y a donc des réserves faites, des exceptions posées, des obstacles prévus et acceptés d’avance comme empêchemens absolus. Mais, sauf ces éventualités, la question peut-elle devenir une question de cabinet ? En d’autres termes, les partisans de la dissolution au sein du conseil sont-ils trop convaincus de son opportunité, ou se croient-ils trop engagés par leur opinion pour ne pas abandonner les affaires si la dissolution n’avait pas lieu ? Voilà peut-être une question bien indiscrète, et cependant on se la fait de tous côtés dans le public. Sans doute, il est fort difficile de prévoir tous les évènemens qui peuvent, en matière aussi grave, affecter d’un jour à l’autre la réso-