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que de rétablir la vérité sur ce point, et nullement d’atténuer la redoutable gravité d’une restauration carliste en Espagne, si tant est, ce qu’à Dieu ne plaise, que le gouvernement de juillet soit destiné à la subir.

Quelques nominations et déplacemens viennent d’avoir lieu dans le personnel des secrétaires d’ambassade. Le comte Philippe de Rohan-Chabot, fils d’un pair de France et aide-de-camp du roi, attaché au cabinet de M. le président du conseil, est nommé second secrétaire d’ambassade à Londres. Déjà connu dans la haute société anglaise, à laquelle il tient par sa mère, M. de Rohan-Chabot paraît destiné à parcourir avec distinction la carrière diplomatique, où il entre jeune, mais bien préparé. Ses connaissances, la solidité de son jugement, tout, jusqu’à l’élégance de ses manières, le fera distinguer et aimer partout où il sera appelé à servir et à représenter son pays. M. de Grammont, qui n’est pas, comme on l’a prétendu, fils du député de ce nom, mais parent de Mme la comtesse Sébastiani, remplace à Stuttgardt, en qualité de secrétaire de légation, M. le baron Reinhardt, qui est envoyé à Berne, avec le titre de premier secrétaire d’ambassade. M. Reinhardt, dont on fait le plus grand cas, est fils d’un ancien ministre plénipotentiaire, qui a laissé de fort honorables souvenirs en Allemagne, où il a long-temps résidé. M. de Belleval, qui est remplacé en Suisse par M. Reinhardt, n’a pas trouvé place dans ces arrangemens. Mais il ne sort pas d’une carrière dans laquelle il compte de longs services et où ses talens ne peuvent tarder à être utilisés de nouveau. Il n’est rappelé de Berne que pour satisfaire à des exigences générales de service, et non, comme le pourraient faire croire les insinuations de certaines feuilles suisses, par suite des prétendus dissentimens qui se seraient élevés entre lui et M. le duc de Montébello. Au reste, l’ambassade de France à Berne se trouvera bientôt presque complètement renouvelée, car M. de Montébello lui-même doit recevoir une autre destination. Les différends de l’année dernière, et plusieurs missions de rigueur qu’il a eu à remplir, ont rendu en Suisse sa position personnelle difficile et fausse, malgré le rétablissement de la bonne intelligence entre les deux gouvernemens. Il n’a pu avoir, dans la diète qui termine la session ordinaire, que des relations un peu froides et embarrassées avec la plupart des députations cantonnales, qui étaient à peu près les mêmes que celles de la diète extraordinaire de 1836 ; et maintenant que le point d’honneur est sauvé, nos rapports avec la confédération helvétique gagneront à passer en de nouvelles mains.



F. BULOZ.