Page:Revue des Deux Mondes - 1837 - tome 12.djvu/322

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
318
REVUE DES DEUX MONDES.

s’est fait une réputation comme bibliographe et comme critique, M. Molbech, a publié, sous le titre de Tableaux de l’histoire de Danemark[1], un ouvrage qui a eu du succès. C’est un résumé très habilement fait de tout ce qui a été dit sur l’ancien état du Danemark, sur les peuples qui l’ont occupé avant la migration des races asiatiques, sur les mythes du Nord, sur les héros chantés par les scaldes, sur toute l’époque païenne et sur l’époque récente. Ce livre n’est pas une histoire, c’est un voyage à travers l’histoire ; c’est une exposition nette et précise des principales phases du temps passé, une appréciation des faits, prise d’un point de vue élevé.

Du reste, la plupart des savans de Danemark, au lieu d’écrire, travaillent à recueillir des documens. L’académie, fondée en 1743, publie régulièrement le résultat de ses recherches ; la société historique, dont Langebek fut le président, continue la publication du Magasin danois ; la commission d’Arne Magnussen a déjà fait paraître plusieurs belles éditions d’ouvrages islandais et en prépare de nouvelles. Un comité spécial poursuit la rédaction du dictionnaire national, commencé par l’illustre éditeur des Scriptores, et un homme qui a fait beaucoup pour le progrès des études, pour le développement de la science dans ce pays, M. Rosenvinge, membre de la direction des écoles, publie les anciennes lois de Danemark.

En 1824, il s’est formé à Copenhague une nouvelle société qui a déjà rendu de grands services ; c’est la société royale des antiquaires du Nord. Elle se soutient par elle-même, par la cotisation de ses membres et par le produit des ouvrages qu’elle édite. Son but est de propager de plus en plus la connaissance de l’ancienne langue, de l’ancienne littérature du Nord, de rassembler les documens inédits et de les livrer au public sous une forme populaire. Elle publie chaque année un volume de texte islandais, avec la traduction latine et danoise à part. Elle publie un recueil périodique exclusivement consacré aux antiquités septentrionales[2]. Elle embrasse dans son vaste cadre la presqu’île Scandinave, l’Islande, les îles Ferœ, le Groenland ; elle s’est avancée jusqu’à l’Amérique du nord, que l’on prétend avoir été découverte par les Scandinaves long-temps avant l’arrivée de Christophe Colomb, et elle publiera prochainement, dans un recueil spécial[3] et dans deux recueils périodiques, le résultat de ses recherches sur tout ce qui a rapport à cette importante question. Cette société est le lien central auquel se rattachent les hommes de toutes les nations qui s’occupent des antiquités du Nord. Elle a étendu au loin ses ramifications littéraires, et poursuit avec un zèle et une intelligence dignes des plus grands éloges la route qu’elle s’est tracée. Les antiquaires les plus distingués des contrées étrangères s’honorent de correspondre avec elle, et des hommes d’un savoir éminent ont pris part à ses travaux. Bask, le plus grand esprit philologique qui ait peut-être jamais existé, était un de ses membres, ainsi que Müller, qui a fait une analyse si

  1. Fortallinger og Skildringer af den Damke Historie, 2 vol.
  2. Nordisk Tidskrift for Oldkyndighed.
  3. Antiquitates americanæ.